Suisse - Art moderne

Bâle (Suisse)

Ferdinand Hodler, ses dernières passions

Fondation Beyeler jusqu’au 26 mai 2013

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 22 mars 2013 - 314 mots

Le regard de Ferdinand Hodler pendant ses cinq dernières années de production fut sans complaisance, mais d’une acuité renouvelée et d’une liberté assumée !

Entre 1913, année où il s’installe à Genève, et 1918, année de sa disparition, il a assez confirmé sa notoriété pour retourner vers les thèmes qu’il aime plus que tout et qu’il va décliner avec radicalité : la montagne, la femme, la mort. « Désormais, je ferai mes toiles à moi », disait-il. Trois pôles qui l’attirent à part égale, triple fascination dont il ressent les appels pressants. Confronté à ces sujets, de même que pour ses autoportraits, il adopte la manière frontale, directe, sans détour. Face aux massifs alpins comme devant le visage de sa maîtresse qui se meurt, son pinceau marque le passage des saisons et accuse les reliefs enneigés comme il note la fuite des jours et sculpte les joues de plus en plus amaigries de Valentine.

Cependant, afin de ne garder que l’essentiel, il simplifie les traits, résume les formes, réduit la gamme des couleurs. Il étire à l’horizontal au-dessus du lac les masses minérales de la chaîne du mont Blanc, mêlant eau et ciel en longues bandes bleues et jaunes. De même, se souvenant du Christ au tombeau de Holbein (1521), pour signifier que désormais la vie l’a quittée, il définit le corps de la défunte étendue sur le lit blanc en quelques lignes ocres et verdâtres, presque parallèles.
Rendant pour la première fois un hommage aux travaux de l’époque tardive de Ferdinand Hodler, l’exposition rassemble quatre-vingts œuvres de cet artiste majeur de la Suisse. Simple, ordonné selon les thèmes principaux, l’accrochage souligne combien le réalisme emphatique de ses débuts s’est progressivement dilué en un expressionisme de plus en plus abstrait, sobrement coloré. Une chronique émouvante, celle des passions qu’il pouvait enfin s’avouer.

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« Ferdinand Hodler », Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, Riehen-Basel, Suisse, www.fondationbeyeler.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°656 du 1 avril 2013, avec le titre suivant : Ferdinand Hodler, ses dernières passions

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