SAINT-LOUIS
Voici une exposition dynamique et chaleureuse : cinq femmes, cinq sensibilités, cinq regards nous confrontent à des présences au monde profondément différentes.
Les peintures de Marine Joatton (née en 1972) s’affirment comme des énergies en deçà de toute évidence. « Je voudrais dépasser la réalité pour faire surgir une vérité que j’aimerais sublimer par une sorte de poésie », confie avec pudeur cette artiste. Chacune de ses toiles apparaît comme un étonnant précipité d’énergiques tensions formelles audacieusement colorées. Quand on les découvre pour la première fois, on peut vraiment se demander d’où ça vient. Toujours quelque chose du « réel » – visages, fleurs, arbres, foule humaine – semble identifiable. Mais avec une telle impétuosité formelle que tous les repères convenus sont chamboulés. Chaque peinture s’affirme comme une fenêtre de liberté. Les quatre autres artistes ne semblent pas à ce point nous confronter à des présences parvenues d’une autre planète, mais toutes nous invitent à de stimulantes échappées belles au-delà des apparences ordinaires. Vanessa Fanuele (née en 1971), associant architecture et paysages imaginaires, construit ses espaces avec une sensibilité très contrôlée. L’univers onirique de Marie–Hélène Fabra (née en 1961), habité d’apparitions parfois spectrales, nous précipite au-delà du plafond de verre des normalités. Durs durs et cependant merveilleusement sensibles se révèlent les dessins en noir et blanc d’Haleh Zahedi (née en 1982). Marie-Amélie Germain (née en 1966) porte, elle, une attention tendre et rigoureuse aux arbres, aux maisons et aux ciels.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Femmes peintres, je vous aime