L’univers artistique de Félicien Rops (1833-1898) est à la fois réaliste, romantique, caricatural, fantastique, symbolique, érotique, impressionniste… Dans tous les cas, fascinant et résolument à part dans la production du XIXe siècle, par son audace et l’extrême maîtrise du dessin et de la gravure. Le parcours des collections permanentes du musée de Namur – ville d’origine de Félicien Rops –, entièrement repensé dans le cadre de la rénovation et de l’agrandissement du lieu qui a rouvert ses portes le 22 novembre dernier, met en évidence ses différentes facettes en prenant le parti d’un accrochage thématique. Pour présenter au mieux ce fonds, le scénographe Filip Roland a su apporter au musée une touche contemporaine tout en préservant son charme et son atmosphère feutrée. Satires sociales et caricatures, paysages de voyages, images des nuits parisiennes évoquant parfois Lautrec, œuvres témoignant de ses rapports avec les artistes et écrivains de son temps, gravures à l’humour grinçant et macabre, dessins sataniques ou érotiques révèlent au fil des salles une production étonnante. Pour célébrer cette réouverture, l’exposition conçue par Hélène Védrine se penche sur un domaine très particulier et méconnu de l’œuvre de Rops, celui des marginalia, eaux-fortes comportant, dans leurs marges, des dessins, des motifs ou des textes manuscrits ajoutés
par l’artiste. Cette pratique, exceptionnelle dans la gravure du XIXe siècle, donne à chacune des œuvres son caractère unique. C’est d’ailleurs dans cet esprit, celui de compenser la reproductibilité de la gravure par l’unicité du dessin, que Félicien Rops a constitué une véritable collection de plus de deux cents travaux de ce type. Fantaisie, fantasmes et humour sont au menu de ces œuvres érotiques ou pornographiques (Sainte Thérèse ; Un groom pour tout faire…), nées de l’imagination débridée de ce virtuose du trait.
NAMUR (Belgique), musée Félicien Rops, 12 rue Fumal, tél. 00 32 81 22 01 10, 22 nov.-29 février, cat. Somogy, 162 p., 30 euros.
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Félicien Rops ou le XIXe décadent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°554 du 1 janvier 2004, avec le titre suivant : Félicien Rops ou le XIXe décadent