En présentant quatre-vingts de ses œuvres, certaines venues de collections privées et montrées pour la première fois, cette exposition redonne à Federico Barocci la place éminente qui a été la sienne de son vivant en Italie et en Europe.
Considéré avant tout et à juste titre comme un peintre de sujets de dévotion, malgré une influence qui s’est prolongée après sa mort en 1612, il tombe ensuite pendant plus de deux siècles dans un oubli relatif. Une telle rétrospective permet de mesurer l’ampleur de son style et de saluer son esprit novateur.
Né à Urbino en 1535, formé jeune par son père, recevant l’héritage de Raphaël et des Vénitiens, il voyage à Rome et s’inspire de la beauté antique. Revenu dans sa ville natale, se consacrant aux tableaux d’église, rompant avec le maniérisme, il déploie une originalité et une technique dont des toiles comme la Nativité (1597) rendent compte.
Mais ses dessins surtout témoignent de son talent. Associant avec autant d’agilité que de fermeté la craie noire, l’encre brune, le pastel, la craie rouge et les rehauts de blanc, il donne à ses visages une douce carnation, parvient à rendre de somptueux effets de drapés et à inscrire dans une tension dynamique ses personnages, « vus comme en trois dimensions ».
Intéressant pour son exemplarité, le rapprochement entre la dizaine de feuilles préparatoires à La Visitation et la toile elle-même met en évidence le souci constant qui est le sien de parvenir à une perfection formelle la plus absolue possible, chaque dessin constituant une étape essentielle du travail d’ensemble. Bellori, son biographe, parlait de sa méticulosité et de son brio.
À côté de quelques portraits, dont celui de son mécène Francesco Maria II della Rovere et le sien, on remarque une de ses rares œuvres profanes, Énée fuyant Troie. En quelques plans resserrés, il donne aux mouvements des héros une véritable profondeur. Barocci, connu en France sous le nom de Le Baroche, est au rang de ceux qui ont ouvert la voie au baroque.
« Barocci, brillance and grace », The National Gallery, Trafalgar Square, Londres (Grande-Bretagne), www.nationalgallery.org.uk
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Federico Barocci maître oublié d’Urbino
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°656 du 1 avril 2013, avec le titre suivant : Federico Barocci maître oublié d’Urbino