Réunion de famille au Musée d’Art et d’Histoire de Genève. Giambattista Tiepolo, le père, Giandomenico et Lorenzo, les deux fils, sont au cœur d’une exposition centrée sur l’œuvre gravé de cette illustre dynastie italienne. Giambattista (1696-1770), digne représentant de la grande tradition coloriste vénitienne qui perdure jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ne s’est intéressé à la gravure que tardivement, vers l’âge de 43 ans. Célébré pour ses grands cycles décoratifs qui ornent les demeures aristocratiques et les églises de Venise (Palazzo Sandi, Palazzo Labia, église des Scalzi), c’est pourtant dans ses dessins et ses gravures que s’exprime le mieux son esprit inventif et fantaisiste, libéré des fastes de la peinture officielle. La suite de dix eaux-fortes intitulée les Caprici et les 24 pièces des Scherzi di fantasia illustrent bien la liberté narrative qui l’anime. Personnages bibliques et mythologiques, philosophes, nymphes, soldats, plantés dans un décor pastoral délicatement esquissé, peuplent ces scènes énigmatiques empreintes de méditation. Cet univers intimiste, désacralisé, suit néanmoins l’évolution stylistique de sa production picturale. Même étagement des formes, mêmes astucieux contrapposti, même abandon progressif des contours souples pour un trait incisif, presque saccadé. La virtuosité du père se transmet aux fils. Giandomenico est l’auteur d’un ensemble remarquable : 24 Idées pittoresques sur la Fuite en Egypte. Garant du patrimoine paternel (il s’occupe de la diffusion de l’œuvre gravé de Giambattista), il se révèle très tôt brillant graveur, réalisant plus de 180 planches. Quant à Lorenzo, mort prématurément à 40 ans, il exécuta une dizaine de pièces gravées. L’événement, organisé par le Cabinet des Estampes du musée, fait également le point sur les ressources des collections publiques suisses (Bâle, Berne, Genève, Vevey, Zurich) en présentant quelques exemples majeurs du védutisme vénitien avec, comme têtes de liste, Canaletto, Bellotto, Visentini et Marieschi.
- GENEVE, Musée d’Art et d’Histoire, 2, rue Charles-Galland, tél. 22 418 26 00, 5 avril-26 août, cat. 65 p.
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Fantaisies tiepolesques à six main
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Fantaisies tiepolesques à six main