Fang, gardiens des reliques

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 juillet 2006 - 251 mots

Ce sont des gardiens, ces quelque trente statues Fang exposées à la galerie Ratton-Hourdé. À l’origine, dans leur lointain pays, Gabon ou Cameroun, ils se dressaient sur les reliques des
ancêtres du clan, crânes et ossements conservés dans une boîte en écorce . Ce culte familial, le byeri, régissait tous les aspects de la vie et les initiations des jeunes afin d’établir un contact avec les ancêtres pour qu’ils puissent aider les vivants. Ainsi les statues veillent sur les reliques de ceux qui à leur tour veillent sur les vivants.
Ces personnages, souvent masculins, sont assis, adossés à un rostre. Vigoureux, ils respirent la force, bras musculeux ramassés devant la poitrine, leurs mains tenant un objet, un sifflet, un bol à offrandes. Les jambes sont courtes, toujours puissantes. Selon le lieu d’origine, certaines silhouettes sont plus élancées, d’autres plus trapues. Mais le gardien n’interrompt jamais sa garde. Son visage concave, sa bouche prognathe pourraient évoquer un bébé qui pleure, mais il faut plutôt y voir les mâchoires serrées du guerrier aux aguets.
Parfois pourtant, la figurine est remplacée par une simple tête et tout bascule. Du visage épuré toute agressivité a disparu. Ces formes lisses, denses et polies respirent un calme infini. La coiffure soignée, en tresses à l’arrière de la tête, montre qu’il s’agit d’une femme. On ignore à quelle ancêtre songeait le sculpteur mais on peut affirmer qu’il a magistralement réussi cette évocation.

Galerie Ratton-Hourdé, 10, rue des Beaux-Arts, Paris VIe, tél. 01 46 33 32 02, jusqu’au 31 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Fang, gardiens des reliques

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