L’art ancien est particulièrement à l’honneur cette année. Pour autant, l’impressionnisme et, bien sûr, l’art moderne devraient attirer les foules. L’art contemporain sera brillamment représenté par la très attendue ouverture de la collection Pinault.
A Paris
Ouverture de la collection Pinault à la bourse de Commerce
Après le Palazzo Grassi et la Pointe de la Douane à Venise, François Pinault va enfin pouvoir exposer sa collection d’art contemporain à Paris, dans un lieu central et tout aussi patrimonial qu’à Venise. L’ancienne halle au blé du XVIIIe siècle va retrouver son état du XIXe quand elle a été transformée en bourse de commerce. Outre les travaux de restauration, le milliardaire a demandé à son architecte préféré, Tadao Ando, de construire un immense cylindre en béton qui ceinture l’intérieur de l’édifice et permet d’exposer, en son centre, des installations ainsi mises en valeur. Les salles en étage offriront à voir des œuvres de plus petit format. Elles donnent également accès à une promenade en surplomb de l’anneau, offrant un panorama grandiose : vers le bas sur l’intérieur de l’anneau, vers le haut sur l’immense décor mural et la coupole de verre. Contrairement à Venise, le collectionneur souhaite qu’il y ait toujours une exposition en cours à la Bourse.
Bourse de commerce. Collection Pinault. Mi-juin.
Cézanne au prisme de l’Italie
Quels maîtres italiens – Tintoret, Le Greco, Giordano ou Poussin – retrouve-t-on dans l’œuvre de Paul Cézanne et dont il tira les leçons tout au long de sa vie ? De quel héritage se réclament les artistes italiens des générations suivant la sienne, Carrà, Boccioni, Morandi ? L’Aixois (1839-1906) n’a jamais mis les pieds au-delà des Alpes, mais il a beaucoup fréquenté les musées et beaucoup lu, s’appropriant et remâchant la leçon des maîtres. À travers une soixantaine de toiles venant du monde entier, on pourra comparer ses œuvres aux leurs et voir les jeunes Italiens, qui ont pu étudier son travail à Paris ou dans des collections italiennes, se construire dans ce qu’on appelle désormais le « cézannisme ».
Musée Marmottan Monet. Cézanne et les maîtres. Rêve d’Italie. Du 27 février au 5 juillet.
Le monde vu par les artistes arabes et africains
La première partie de l’exposition, « Notre monde brûle », présente des artistes majoritairement arabes sélectionnés par Abdellah Karroum dans les collections du Mathaf de Doha (Musée d’art moderne du Qatar), musée dont il est directeur. S’y révèle le regard des artistes (Kader Attia, Yto Barrada, Mounir Fatmi) sur les événements majeurs du XXIe siècle, en Irak, en Afghanistan ou même en Amazonie, entre conflits et questions environnementales.
Palais de Tokyo. Fragmenter le monde I et II. Du 21 février au 17 mai et du 19 juin au 13 septembre.
Paris s’emballe
Ceux qui se souviennent d’avoir vu le Pont-Neuf empaqueté, à Paris, en 1985, retrouveront avec émotion dans cette exposition la maquette du projet et les documents témoignant de ses différentes étapes, présentés à la manière d’une vaste installation. Retour en arrière, mais aussi prélude à l’Arc de Triomphe empaqueté, nouveau défi de l’artiste. Le parcours offre de comprendre la genèse des projets urbains de Christo et Jeanne Claude, depuis leur rencontre en 1958. Le film Christo in Paris (1990), des frères Maysles, récompensé par de nombreux prix dans le monde, apporte pour sa part un éclairage biographique sur ce couple hors norme.
Centre Pompidou. Christo et Jeanne Claude, Paris ! Du 18 mars au 15 juin.
En immersion dans Pompéi
La Réunion des musées nationaux (RMN) mise sur la 3D et l’immersion. Poussant plus loin le concept expérimenté dans l’exposition « Sites éternels » en 2016, « Pompéi » promet une mise en scène « spectaculaire et impressionnante » pour redonner vie à l’effervescence de cette cité romaine disparue dans l’éruption du Vésuve en 79. En partenariat avec le Parc archéologique de Pompéi et la société française Gedeon Programmes, le récit devrait faire la part belle au cataclysme qui a frappé la cité. L’occasion de réfléchir à ces parcours 3D pour exposer le patrimoine en péril ou disparu, à l’heure du tourisme de Masse.
Grand Palais. Pompéi. Du 25 mars au 8 juin.
Généalogie des sculptures de Michel-Ange
Le génie de Michel-Ange ne sort pas de nulle part. Avant lui, il y a eu un siècle et demi d’expérimentations sculpturales pour qu’il arrive à cette synthèse entre virtuosité anatomique et profondeur des sentiments. En clôture de sa saison Renaissance, le Louvre a choisi de raconter cette histoire, celle de la sculpture italienne en constante évolution pour devenir plus réelle encore que la nature. Une ancienne directrice du Musée national du Bargello (Florence) en est la commissaire. La promesse d’un beau casting.
Musée du Louvre. Le corps et l’âme : sculpture de la Renaissance en Italie de Donatello à Michel-Ange. Du 6 mai au 17 août.
L’histoire méconnue des Olmèques
C’est la première fois que cette culture précolombienne (1600 avant J.-C.-100 après) est exposée en France, grâce à une collaboration entre le Quai Branly et l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique. Deux cents pièces archéologiques, dont des prêts mexicains, retracent plus de quinze siècles d’une civilisation qui a influencé durablement les sociétés précolombiennes du Golfe du Mexique, par sa culture, ses structures politiques et son art. Une influence qui s’éteindra seulement à l’arrivée des conquistadors espagnols.
Musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Les Olmèques et les cultures du Golfe du Mexique. Du 19 mai au 15 novembre 2020.
Botticelli, sa vie, son œuvre, son atelier
La toile de Sandro Botticelli retrouvée au National Museum de Cardiff, en novembre dernier, sera-t-elle présente à l’exposition parisienne du Musée Jacquemart-André ? S’il est trop tôt pour jouer au jeu des présents et des absents, on sait déjà que cette exposition a pour sujet la production en atelier du maître florentin. La bottega de Botticelli y sera présentée comme un lieu d’expérimentation d’un style nouveau, mais aussi comme un centre de formation pour ses apprentis, et de production en série. Derrière le génie créatif, l’habile entrepreneur.
Musée Jacquemart-André. Botticelli, un laboratoire de la Renaissance. Du 11 septembre 2020 au 25 janvier 2021.
Et la science révolutionna l’art
Croisant philosophie, art et sciences naturelles, cette ambitieuse manifestation, montée en partenariat avec le Musée des beaux-arts de Montréal et le Museum national d’histoire naturelle, présente l’état des connaissances à l’orée du XIXe siècle, avant de plonger dans les changements radicaux de perspective, nés du développement de l’exploration et des sciences. Les artistes, observateurs privilégiés, ont été aussi acteurs de cette refondation du monde dont ils ont témoigné et qui a changé leur pratique. Le séisme provoqué par L’Origine des espèces de Darwin (1859) n’a pas seulement eu des répercussions philosophiques. Il a déplacé et libéré le regard, menant jusqu’à la naissance de l’abstraction.
Musée d’Orsay. Les origines du monde. L’invention de la nature au siècle de Darwin. Du 22 septembre 2020 au 10 janvier 2021.
Deux seigneurs de l’estampe
Le grand marchand d’art Ambroise Vollard (1866-1939) eut une importante activité d’éditeur d’estampes et de livres illustrés. Le Petit Palais conserve une belle collection relative à ces activités, ainsi que des portraits de lui réalisés par Renoir, Cézanne, Bonnard ou Picasso. La découverte de cet univers à la fois artistique et technique où il excella se double de la mise en lumière du personnage d’Henri Petiet (1894-1980) – qui racheta le fonds de la galerie Vollard après la Seconde Guerre mondiale – et de ce que lui doit l’estampe française du XXe siècle. Surnommé « Le baron », il en fut notamment l’infatigable promoteur auprès des institutions et collectionneurs américains.
Petit Palais. De Bonnard à Picasso : Vollard, Petiet et l’aventure de l’édition d’artiste. Du 22 septembre 2020 au 17 janvier 2021.
L’art au féminin au tournant de la Révolution
Entre 1780 et 1830, les femmes peintres voient leur statut évoluer en France, acquérant une visibilité inédite jusqu’alors : cette période marquera l’histoire ultérieure des plasticiennes. Sur cette thèse de départ, l’historienne de l’art Martine Lacas développe un parcours réunissant Élisabeth Vigée Le Brun et Marguerite Gérard, mais aussi leurs consœurs moins connues et pourtant célébrées durant cette période où l’artiste gagne en liberté et où l’espace de production S’agrandit.
Musée du Luxembourg. Femmes peintres, des artistes comme les autres (1780-1830). Du 30 septembre 2020 au 24 janvier 2021.
Une histoire du désir
Le musée parisien se lance dans l’exploration de l’amour et du désir, hommage au peintre François Boucher pour le 250e anniversaire de sa mort. Pour cartographier les désirs de ce XVIIIe siècle entièrement tourné vers la sensualité, le musée confronte les peintres, maîtres et élèves, amis et rivaux, tels Jean-Baptiste Pater, Jean-Honoré Fragonard, Jean-Baptiste Greuze et Antoine Watteau. Une exposition pas si légère, puisqu’elle devrait également évoquer conditions sociales et place des femmes au détour de cette recherche de volupté.
Musée Cognacq-Jay. L’empire des sens, de François Boucher à Jean-Baptiste Greuze. Du 30 septembre 2020 au 31 janvier 2021.
De Kooning sous influence
Temps fort de la collection Paul Guillaume à l’Orangerie : un ensemble de toiles de Chaïm Soutine (1893-1943). Conseillé par le marchand d’art dans les années 1920, Albert Barnes a acquis et montré des dizaines d’œuvres du peintre, lançant un mouvement qui a irrigué les États-Unis jusque dans les années 1950. Willem De Kooning (1904-1997), figure de l’expressionnisme abstrait, y a puisé son inspiration et, sous l’influence du peintre d’origine russe, s’est orienté vers un expressionnisme figuratif en travaillant sur sa série « Women ». La Fondation Barnes, la Fondation Willem de Kooning et le Musée de l’Orangerie s’allient pour montrer ce cheminement à travers une cinquantaine d’œuvres des deux peintres.
Musée de l’Orangerie. Soutine/De Kooning. Du 7 octobre 2020 au 1er février 2021.
Les Albers, un couple au Bauhaus
On connaît Josef Albers et son interminable série « Hommage au carré », dont l’impact sur le minimalisme américain est indéniable. On connaît moins Anni Albers, dont les magnifiques travaux textiles ont inspiré de nombreuses artistes femmes. Couvrant l’ensemble de leur carrière individuelle et commune – peintures, photographies, œuvres graphiques et textiles, ainsi qu’une sélection de mobilier –, l’exposition met en scène le dialogue de ce couple qui s’est rencontré dans les années 1920 au Bauhaus. L’un et l’autre poursuivront leur enseignement aux États-Unis, au célèbre Black Mountain College, tout en continuant à développer leurs pratiques artistiques respectives.
Musée d’art moderne de la ville de Paris. Josef et Anni Albers. Du 9 octobre 2020 au 21 février 2021.
Morozov, l’autre Chtchoukine
La Fondation Vuitton poursuit son partenariat avec le Musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), le Musée des beaux-arts Pouchkine (Moscou) et la Galerie nationale Tretiakov (Moscou). Après le succès de l’exposition consacrée à Chtchoukine, c’est à l’autre marchand et collectionneur historique russe – Morozov – qu’elle s’attaque. Morozov ou plutôt les Morozov, car il s’agit de deux frères Mikhaïl et Ivan, défenseurs de l’art contemporain français et russe. Avec quelque deux cents œuvres, la manifestation présente notamment l’Acrobate à la boule de Picasso, le triptyque marocain de Matisse, un ensemble de sept panneaux décoratifs commandés à Maurice Denis, mais aussi les artistes majeurs russes, tel le symboliste Mikhaïl Vroubel ou le rayonniste Mikhaïl Larionov.
Fondation Louis Vuitton. Icônes de l’art moderne, la collection Morozov. Du 13 octobre 2020 au 15 mars 2021.
Un Ambulant prolifique
Figure majeure des Ambulants, ces peintres russes mettant leur art et leur culture au service du peuple dans les années précédant la révolution bolchévique, Ilia Répine fut célébrissime en URSS : dès 1936 eut lieu une grande rétrospective de ses œuvres. Très productif, il reste une gloire nationale en Russie où plusieurs musées lui sont consacrés. Il était aussi connu à Paris où il a vécu, décrit comme un réaliste, mais aussi un peintre d’histoire dont on s’étonnait qu’il fût végétarien, tout comme son ami Tolstoï. La rétrospective en cent vingt tableaux, provenant notamment de la collection Tretiakov (l’un de ses fervents collectionneurs), décrira son évolution stylistique et ses engagements.
Petit Palais. Ilia Répine (1844-1930). Du 23 octobre 2020 au 31 janvier 2021.
Lumière sur Taharqa, pharaon nubien
Presque en écho de l’exposition marseillaise sur les pharaons tombés dans l’oubli, le Louvre consacre une exposition au pharaon Taharqa de la XXVe dynastie. Grand rival des Assyriens, Taharqa organise la Nubie en un vaste royaume, bâtissant et modernisant l’administration de ses provinces, du delta du Nil jusqu’à sa capitale, Napata, dans l’actuel Soudan. Autour de la figure de Taharqa, l’exposition reviendra sur la dynastie kouchite, période d’intense activité culturelle et intellectuelle de l’Égypte Pharaonique.
Musée du Louvre. Moi, Taharqa, pharaon des deux terres. Du 29 octobre 2020 au 8 février 2021.
Hyacinthe Rigaud à Versailles
Ariane James-Sarazin, auteure d’un catalogue raisonné en cours de Hyacinthe Rigaud, pilote cette grande exposition monographique sur le plus versaillais des peintres perpignanais. Autoportraits et portraits interrogent la place de ce genre si particulier, du processus de création à la diffusion à travers la gravure. Hyacinthe Rigaud, avec ses portraits de Louis XIV en majesté, crée l’emblème du roi soleil et contribue à donner au portrait une importance renouvelée dans ce Grand Siècle riche d’incarnations.
Château de Versailles. Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait soleil. Du 20 octobre 2020 au 21 février 2021.
En régions
L’œuvre protéiforme de Kentridge
William Kentridge (né en 1955) est-il un artiste politique ? Engagé, certainement. Et cultivant « un art de l’ambiguïté, de la contradiction, de gestes simples et de fins incertaines », explique-t-il. Démonstration dans cette rétrospective qui dix ans après, prolonge et complète celle qui s’était tenue au Jeu de paume, à Paris. Dessins au fusain, films d’animation, décors de théâtre, l’accent est mis sur l’approche transdisciplinaire de Kentridge, dont l’opéra The Head and the Load, présenté à la Tate Modern en 2018, offre ici une remarquable synthèse. C’est l’une des œuvres emblématiques du parcours, qui en comporte plusieurs, telle que sa dernière création, The Mouth is Dreaming, un film qu’il considère inachevé.
Villeneuve d’Ascq. LaM. William Kentridge. Un poème qui n’est pas le nôtre. Du 5 février au 5 juillet.
Gromaire, peintre engagé
Dernière étape de la coproduction organisée avec le Musée Eugène-Boudin d’Honfleur et le Musée Paul-Valéry de Sète, l’exposition monographique de Marcel Gromaire propose un parcours chronologique – environ cent cinquante dessins, peintures, tapisseries – qui vise à situer la formation et les sources de l’artiste. La Piscine bénéficie de la présence de L’Abolition de l’esclavage, une toile monumentale présentée dans le hall d’entrée de ce lieu exceptionnel. Ainsi, une « exposition dossier » met en regard cette œuvre avec cinq études préparatoires offertes en 2001 par le fils de l’artiste, François Gromaire, et un ensemble important de gravures.
Roubaix. La Piscine – Musée d’art et d’industrie André-Diligent. Marcel Gromaire (1892-1971) : l’élégance de la force. Du 14 mars au 31 mai.
Le noir dans l’art occidental
Le Musée du Louvre-Lens se lance un défi de taille : analyser la couleur noire, sa signification et son utilisation dans l’art occidental, de l’antiquité à nos jours. Le parcours imaginé par la directrice Marie Lavandier et ses équipes devrait nous emmener, à travers près de cent quatre-vingts œuvres, sur différentes pistes : le noir et le sacré, le noir et sa dimension sociale, le noir industriel… Des créatures diaboliques tapies dans l’ombre des dessins médiévaux aux Outrenoirs de Pierre Soulages, le périple, risqué, s’annonce Passionnant.
Lens. Musée du Louvre-Lens. Soleils noirs. Du 25 mars au 13 juillet.
Sortir de l’atelier
Si la pratique de la peinture de paysage en plein air nous semble aujourd’hui évidente, elle n’allait pas de soi, au XVIIIe siècle, alors que les maîtres conseillaient déjà de travailler sur le motif. Avant que les Anglais n’enseignent l’aquarelle au reste de l’Europe et que l’invention des tubes de couleurs ne permette aux artistes de passer directement de l’impression à la toile, les peintres rapportaient de leurs excursions des huiles sur papier. Celles de Pierre-Henri de Valenciennes témoignent de la beauté de ces études. À Giverny, une cinquantaine d’œuvres des années 1820 à 1873, dernière année avant l’impressionnisme, racontent cette histoire du « pleinairisme ».
Giverny. Musée des impressionnismes. Plein air. De Corot à Monet. Du 27 mars au 28 juin.
L’art normand à la fête
Cette 4e édition essaimant dans toute la Normandie s’intéresse à la manière dont les artistes ont vécu et représenté la modernité (voir aussi les manifestations de Caen et Giverny). Parmi les nombreuses propositions, Dieppe présente la première exposition monographique d’Éva Gonzalès (1847-1883), Le Havre revit les lumières de la ville au XIXe siècle et Rouen se consacre au collectionneur des impressionnistes, François Depeaux (1853-1950). Pour la partie contemporaine, le peintre Gérard Fromanger (né en 1939) est mis à l’honneur à Caen, le Frac Normandie présente la photographie abstraite à Rouen et L’Académie, à Maromme, montre les travaux in situ de Flora Moscovici (née en 1985) traduisant sa réflexion sur la peinture décorative.
En Normandie. Festival Normandie impressionniste. Du 3 avril au 6 juin.
Un monde en mutation
De 1870 à 1915, le tissu industriel français s’est suffisamment étoffé pour modifier le paysage en profondeur. Il a provoqué la naissance d’une classe ouvrière dont la vie se déroulait à l’usine, quand ce n’était pas dans les manifestations ou les piquets de grève. Qu’ils aient été des réalistes ou des indépendants, peintres, sculpteurs et caricaturistes se sont emparés de ces sujets, comme aussi, et plus traditionnellement, des faubourgs pauvres et de la vie des travailleurs urbains – portefaix, ouvriers du bâtiment, lavandières, repasseuses… C’est ce monde en mutation, beau ou terrible, que l’on pourra observer à travers le regard d’artistes de sensibilités politiques diverses.
Caen. Musée des beaux-arts. Les villes ardentes. Art, travail, révolte (1870-1914). Du 4 avril au 20 septembre.
Sous le soleil de Sorolla
Comme Goya, c’est à Vélasquez que faisait référence Joaquín Sorolla (1863-1923) lorsqu’il évoquait ses maîtres. Mais il admirait aussi Jules Bastien-Lepage dont il a retenu le réalisme et la palette lumineuse. Un ensemble de grandes œuvres et de petites études à l’huile permettra de cerner cet artiste adepte du bonheur, qui trouvait souvent son inspiration dans la famille, les jardins et l’insouciance des vacances en bord de mer. Cette apparente facilité cachait un travail forcené dont rendront compte les dessins, photographies et documents issus du Musée Sorolla de Madrid.
Aix-en-Provence. Hôtel de Caumont. Joaquín Sorolla. Du 30 avril au 11 octobre.
Léger chez Soulages
Le prétexte est trouvé : en juillet 1952, Léger et Soulages travaillaient ensemble pour les décors du spectacle joué devant le château d’Amboise, consacré à Léonard de Vinci. Muni de cette justification, le Musée de Rodez propose une exposition de Léger qui, à défaut d’être une rétrospective, brasse toute les thématiques de l’artiste. En premier lieu, l’espace urbain, puis le monde du travail avec comme héros le mécanicien, l’ingénieur, l’ouvrier qui sait fabriquer des artefacts industriels, et enfin l’univers des loisirs (plongeurs, acrobates). Un art sans concession et qui rejette toute séduction, une volonté de synthèse de l’humanisme engagé socialement et de l’esthétique de la machine.
Rodez. Musée Soulages. Fernand Léger, la vie à bras-le-corps. Du 13 juin au 8 novembre.
La fabrique d’un pharaon
Ramsès, Néfertiti, Toutânkhamon et Cléopâtre : ces rois et reines d’Égypte ont vu leur renommée traverser les siècles, devenant des personnages mondialement connus. Mais pour ces illustres monarques, combien sont tombés dans l’oubli ? L’exposition marseillaise part du constat que les vedettes d’aujourd’hui ne sont pas toujours celles d’hier, ni celles de demain. Entre récits historiques et découvertes médiatiques, le visiteur redécouvre Psammétique, Ahmôsis et bien d’autres, grâce à des œuvres archéologiques, récits médiévaux et documents modernes.
Marseille. Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM). Pharaons superstars. Du 29 avril au 17 août.
La splendeur des Flandrin
Fils d’un miniaturiste lyonnais, Auguste (1804-1842), Hippolyte (1809-1864) et Paul (1811-1902) Flandrin devinrent tous les trois des artistes dont le musée des beaux-arts de leur ville natale conserve près de deux cents œuvres. Il leur rend hommage alors que la récente restauration des peintures exécutées à l’église Saint-Germain des Prés, à Paris, par Hippolyte aidé de Paul, attire l’attention sur eux. Si Auguste est resté à Lyon où il est mort jeune, Hippolyte et Paul ont été élèves d’Ingres. L’aîné est devenu peintre d’histoire, tandis que le cadet s’orientait essentiellement vers le paysage. L’exposition fera le point de la recherche sur cette fratrie dont l’œuvre couvre une grande partie du XIXe siècle.
Lyon. Musée des beaux-arts. Hippolyte, Paul et Auguste Flandrin. Du 28 novembre 2020 au 28 février 2021.
Monde
2020 : l’année Raphaël
Après l’année Léonard, sont célébrés les 500 ans de la mort de Raphaël. Et c’est logiquement l’Italie qui est maître d’œuvre. Urbino, ville natale de Raphaël, a ouvert le bal en octobre dernier avec une exposition sur la jeunesse du peintre, qui ferme ses portes fin janvier 2020. Le morceau de bravoure aura lieu dès le 3 mars prochain à Rome, où les Écuries du Quirinal préparent une exposition en collaboration avec les Offices de Florence. À Milan, on pourra continuer à admirer le carton de L’École d’Athènes à la Pinacoteca Ambrosina, dévoilé en mars dernier. Le second temps fort de l’année Raphaël se tiendra à Londres, en octobre, avec l’exposition de la National Gallery ; l’institution a d’ores et déjà sécurisé d’importants prêts, tandis que le Victoria & Albert Museum proposera un parcours événement autour des sept cartons signés du maître qu’abritent ses collections. La France n’est pas en reste grâce au Domaine de Chantilly, qui ira puiser dans ses importantes collections pour l’exposition « Raphaël et ses élèves », du 7 mars au 15 juillet.
Italie, Grande-Bretagne et France. En 2020.
Chevaliers des deux rives de la Méditerranée
Issue d’une collaboration entre le Louvre Abu Dhabi et le Musée de Cluny, l’exposition met en parallèle le statut de chevalier dans l’Occident chrétien et en terre d’Islam au Moyen Âge. Cent trente pièces (armes, casques, œuvres d’art) explorent la constitution de ce groupe social avec ses valeurs, ses symboles et son histoire militaire, en particulier pendant les croisades. Une exposition qui choisit le dialogue entre Orient et Occident, avec de nombreux objets montrés pour la première fois au Moyen-Orient.
Abou Dhabi. Louvre Abu Dhabi. Furûsiyya, l’art de la chevalerie entre Orient et Occident. Du 19 février au 30 mai.
Tout Krasner
Pour la première exposition consacrée, en Espagne, à cette pionnière de l’expressionnisme abstrait, le Guggenheim propose d’embrasser l’ensemble de la carrière de l’artiste américaine. Présentée l’été dernier au Barbican, à Londres, cette rétrospective vise à sortir de l’ombre de Jackson Pollock celle qui fut sa femme, puis sa veuve, et qui ne cessa jamais de pratiquer son art. Le parcours donne ainsi à voir la disparition des couleurs, dans sa série d’ocres sombres, ses « Voyages nocturnes » réalisés après la mort accidentelle de son mari, puis leur résurgence, au début des années 1960, dans des toiles monumentales et explosives.
Bilbao. Musée Guggenheim. Lee Krasner. Couleur vive. Du 29 mai au 6 septembre.
Van Eyck, une restauration et une révolution
Le travail considérable dure depuis 2012 : la restauration du retable de L’Agneau mystique touche à sa fin (lire p. 13), juste à temps pour l’exposition événement du Musée des beaux-arts gantois. L’exposition centrée autour des panneaux extérieurs du retable – qui après ne sortiront plus de la cathédrale Saint-Bavon – s’annonce comme la plus grande réunion d’œuvres du primitif flamand en un même lieu. Pour célébrer la « révolution optique » lancée par Jan van Eyck, le MSK fera venir la moitié des œuvres du peintre, conservées dans les institutions internationales les plus prestigieuses.
Gand. Musée des beaux-arts (MSK). Van Eyck, une révolution optique. Du 1er février au 30 avril.
Artemisia superstar
Artemisia Gentileschi bat des records. La peintre baroque est devenue, en quelques années, la coqueluche du marché de l’art : en novembre dernier, sa Lucrèce s’arrachait pour 4,8 millions d’euros à Artcurial. À la National Gallery, elle devient « Artemisia », sans nom de famille, pour accéder au statut de star de la peinture classique. Monographique, l’exposition sera centrée sur le parcours exceptionnel de cette artiste, fille du peintre Orazio Gentileschi, et première femme à siéger à l’Académie du dessin de Florence.
Londres. National Gallery. Artemisia. Du 4 avril au 26 juillet.
Les secrets de Caillebotte
Collectionneur des impressionnistes, horticulteur, sportif et surtout peintre, Gustave Caillebotte (1849-1884) a été mis en lumière en 2019, lors de l’annonce du legs au Musée d’Orsay de cinq œuvres par Marie-Jeanne Daurelle, arrière-petite-fille de son maître d’hôtel. Parmi une centaine de toiles seront accrochés Portrait de Jean Daurelle (1887) et Pommier dans le jardin ou Arbre en fleurs (1882), issus de cette acquisition, Les Raboteurs de parquet (1875) et Le Pont de l’Europe (1876). Les recherches en cours sur l’artiste seront présentées et des œuvres moins connues mettront l’accent sur le modernisme de ce génie du cadrage.
Martigny (Suisse). Fondation Gianadda. Gustave Caillebotte, impressionniste et moderne. Du 19 juin au 22 novembre.
Cinq mille ans de culture iranienne
Première exposition consacrée à l’Iran en Grande-Bretagne depuis près d’un siècle, « Epic Iran » retrace l’histoire de la culture iranienne du IIIe millénaire avant J.-C. à aujourd’hui. Parmi les trois cents pièces exposées, des céramiques, des sculptures, des textiles, mais aussi des photographies et des films, pour montrer l’Iran contemporain sous un autre jour. Plusieurs musées étrangers et collectionneurs privés ont prêté des pièces rarement vues, comme la collection Sarikhani (Grande-Bretagne).
Londres. Victoria & Albert Museum. Epic Iran. Du 17 octobre 2020 au 3 mai 2021.
Peindre l’espace
Autour de la figure d’Yves Klein, toute une génération d’artistes a tenté de s’affranchir de la matérialité de l’œuvre pour partir à la conquête de l’espace. Exploration du vide, du monochrome, de la lumière, des spatialistes italiens au mouvement Gutaï, au Japon, en passant par le groupe Zéro en Allemagne et le groupe NUL aux Pays-Bas, cette exposition révèle à travers diverses stratégies plastiques, une cartographie mondiale d’affinités esthétiques et d’aspirations reliant certains artistes d’après-guerre. L’occasion de vérifier l’aura intacte de l’inventeur du fameux bleu IKB (International Klein Blue) et l’audace de son œuvre.
Metz. Centre Pompidou-Metz. Le ciel comme atelier. Yves Klein et ses contemporains. Du 2 mai au 2 novembre.
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Expositions 2020, un avant goût d’été
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°536 du 3 janvier 2020, avec le titre suivant : 2020, les expositions à ne pas manquer