Le off n’expose pas que des perdreaux de l’année. L’extension du site de l’Arsenal présente Jan Fabre et Bernar Venet, et la fondation Querini Stampalia expose Mona Hatoum.
Venise, il n’y a pas que la Biennale. Du moins engendre-t-elle tout un lot d’expositions qui, si elles ne figurent pas à son programme, n’en sont pas moins tout aussi intéressantes. Voire plus. Pour toutes sortes de structures et d’organisateurs, la Biennale est donc l’occasion de chercher à mettre en valeur le travail de certains artistes.
Un Arsenale encore plus grand !
Dans le contexte de l’extension du site de l’Arsenal, dit « Arsenale Novissimo », Jan Fabre et Bernar Venet se partagent certains des bâtiments de l’ancien port militaire. Réalisé pour le Kunsthaus de Bregenz en 2008, l’ensemble que présente le premier est constitué d’une série de tableaux monumentaux, intitulée From the Feet to the Brain. Véritable mise en pièces de la figure du corps, du sien propre, dans une scénographie qui convoque l’horreur, le rêve et l’idéal à l’écho d’une réflexion et d’une vision sur la vie qui mettent en question toutes les règles artistiques. Des pieds au cerveau, en passant par le sexe, le ventre et le cœur, les cinq salles qu’occupe Fabre déterminent comme un parcours dans une œuvre totale.
S’il n’est plus temps de présenter Bernar Venet, il l’est toujours de découvrir son travail d’autant que tout procède chez lui de la relation à l’espace où il installe son travail. Celui qu’il occupe à l’Arsenale Novissimo est un immense entrepôt tout d’une pièce sous la voûte duquel l’artiste a installé tout un ensemble d’arcs en acier Corten sur un sol uniment peint en gris. D’ouvertures variables, accolés les uns aux autres, tantôt ils s’enlacent et se dressent superbement dans l’espace comme s’ils cherchaient à l’embrasser, tantôt ils s’étendent au sol comme s’ils cherchaient à l’étirer. Selon le point de vue où l’on se place, les arcs de Venet induisent toutes sortes de jeux de perception et de perspective qui nous invitent à faire une expérience de l’espace chaque fois différente.
La fondation Querini Stampalia
Lieu de rendez-vous toujours très prisé de la Biennale, la fondazione Querini Stampalia accueille cette année l’artiste libanaise Mona Hatoum. Sous le titre d’Interior Landscape, celle-ci a réalisé un ensemble d’œuvres qui sont comme à l’accoutumée chargées de cette dimension mémorable et douloureuse dont son pays et sa ville natale, Beyrouth, sont les vecteurs. Radicales, ses œuvres en appellent à une forme de poétique minimaliste et à une économie de moyens qui en disent bien plus qu’un grand discours.
Il en est ainsi de cet impressionnant Impenetrable, fait d’un cube de fils de fer barbelé suspendus ; de ce Worry Beads, aux allures d’un rosaire musulman, monumental et menaçant, dont les grains sont des boulets de canon ; ou bien encore de Hot Spot III, globe terrestre à la structure grillagée dont les cinq continents sont dessinés en tubes de néons qui inondent l’espace d’une énergie couleur sang. Et dans un coin encore, cette simple patère à cinq crochets sur laquelle Mona Hatoum a suspendu comme un cabas au motif ondulé, découpé dans une carte du Liban, et un portemanteau en fil de fer déformé à l’image de son pays. Comme les dépouilles d’un corps en creux.
53e Biennale de Venise, jusqu’au 22 novembre 2009. Exposition « Making Worlds » Arsenale et Giardini. Pavillons officiels à visiter aux Giardini et dans la ville. Bruce Nauman, Lion d’or du meilleur pavillon national, est exposé dans trois lieux : pavillon américain des Giardani, à l’IUAV de Venise (près de la gare) et à l’université Ca’Foscari (située le long du Grand Canal face au Palazzo Grassi). Tous les jours de 11 h à 18 h. Giardini (fermés le lundi), Arsenale (fermé le mardi). Tarifs : 18 et 15 e. www.labiennale.org
« Mapping the Studio : artistes de la collection François Pinault », Palazzo Grassi et Punta della Dogana. Tous les jours de 10 h à 19 h. Tarifs : 20 et 14 e pour les deux sites. www.palazzograssi.it
« Rauschenberg, Gluts », fondation Guggenheim, www.guggenheim-venice.it
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Événements off , par Philippe Piguet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Événements off , par Philippe Piguet