PARIS
On connaissait Ambroise Vollard marchand de tableaux. Pour faire valoir ses collections riches de dons et de legs de Vollard et de ses héritiers, le Petit Palais met en lumière une autre de ses passions : celle pour les éditions limitées, et plus particulièrement les estampes et les livres d’artistes.
En nous faisant revivre cette épopée artistique, son exposition stimulante présente aussi la myriade d’acteurs de l’estampe – maîtres graveurs comme fournisseurs de papier – engagés aux côtés de Vollard, comme elle fait (re)découvrir aux visiteurs la technique de la lithographie. L’aventure commence en 1894, avec la réédition de la Suite Volpini de Gauguin, pour s’intensifier deux ans plus tard avec l’album Les Peintres-Graveurs, dont l’exposition présente l’intégralité des planches. Au fil de celles-ci, des peintres français reconnus comme Fantin-Latour côtoient ceux qui ne l’étaient pas encore, à l’instar de Bonnard et de Vuillard, et rencontrent des artistes étrangers, comme Munch. En 1900, Vollard se lance dans l’édition de livres illustrés de luxe. En visitant l’Imprimerie nationale, cet amoureux des typographies et des beaux papiers est tombé sous le charme d’un caractère ancien (le Garamond), dont il a demandé la refonte des poinçons pour son édition du recueil de Verlaine, Parallèlement, illustré par Bonnard. Les dessins de ce dernier osent la couleur et s’épanchent sur la page, faisant voler en éclat les codes du livre illustré. Les bibliophiles de ce tournant de siècle détournent le regard, alors même que le nôtre, un siècle plus tard, s’émerveille. Vollard enchaînera les échecs commerciaux. Qu’importe ? Il continue d’éditer à perte, entraînant dans cette révolution les plus grands artistes d’avant-garde. Lorsqu’il meurt dans un accident de voiture, en 1939, l’élan qu’il a impulsé ne peut plus s’arrêter – au fil des ans, bibliophiles et amateurs d’estampes se sont ouverts à la modernité. Le marchand Henri-Marie Petiet, qui se fournissait auprès de lui, rachète son fonds d’estampes, poursuit la collaboration avec certains artistes, comme Derain et Maillol, et devient l’un des acteurs de la présence française dans les musées américains. L’exposition s’achève en lui rendant un hommage mérité.
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Estampes d’avant-garde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°742 du 1 mars 2021, avec le titre suivant : Estampes d’avant-garde