La manifestation nationale « Japonismes 2018 » est l’occasion, pour le Musée des Confluences, de confronter ses propres collections sur ledit thème avec… la photographie contemporaine.
Ainsi en est-il de cette exposition baptisée « Yokainoshima, esprits du Japon », qui met en regard quelque deux cent trente objets issus du fonds du musée et accumulés, pour la plupart, au cours du XIXe siècle, avec quatre-vingt-trois clichés du photographe Charles Fréger, 43 ans. Au Japon, on désigne par Yôkai les entités surnaturelles qui vivent parmi la population et qui génèrent des phénomènes mystérieux. Invoquées dans le cadre de rituels populaires ou religieux, celles-ci s’incarnent souvent par le biais de stupéfiants costumes et autres figures masquées. Entre 2013 et 2015, Charles Fréger parcourt à plusieurs reprises, du nord au sud, l’archipel nippon, à l’exception de l’île d’Hokkaïdo, pour les photographier. Sa série s’intitule « Yokainoshima », mot bâti à partir du vocable Yôkai donc, qui signifie « monstre », et de Shima (« île »), soit : « L’Île aux monstres ». Les dialogues que ce travail amorce, aujourd’hui, avec la sélection de pièces historiques sont pour le moins originaux. En témoigne La Procession nocturne des cent démons-Hyakki yagyô, de Yukihide Tosa, splendides rouleaux illustrés – copies réalisées, en 1866, à partir des originaux datant du XVe siècle –, qui donne à voir un cortège de créatures fantastiques, joyeuses et bariolées. En regard les toisent des portraits, en grand format, de personnages effrayants revêtus de paille de riz, observés à Ashiwaza, dans la péninsule d’Oga (préfecture d’Akita). Visibles lors de la fête de Namahage, le dernier jour de l’an, ils sont censés, outre apporter le bonheur pour l’année à venir, assurer la fertilité agricole ou chasser les mauvais esprits. L’ensemble du parcours se décline sur ce même principe. D’un côté, les clichés de « mascarades » de Charles Fréger, de l’autre, une sculpture de Bodhisattva ou du roi des passions (Aizen Myô-ô) et moult masques d’animaux : renards, cerfs et autres… têtes de lion (Shi Shi). Selon la légende, si un enfant, pendant la danse des lions (Shi Shi Mai), se fait « mordre » par ladite bête, il ne tombera pas malade durant l’année entière à venir.
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Esprits nippons et autres démons
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Esprits nippons et autres démons