Esprit Staron une saga du textile

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 28 janvier 2008 - 385 mots

Si le nom de Staron n’est plus familier aujourd’hui, tout le monde connaît pourtant les imprimés de cette grande maison stéphanoise. Les plus prestigieux couturiers ont travaillé avec Staron. Brigitte Bardot l’aurait porté, tout comme l’actrice Eva Marie Saint dans La Mort aux trousses. Et les mariages princiers de l’époque ne pouvaient avoir lieu sans l’un de ses riches velours au sabre.
La saga des Staron est une histoire de famille comme on les aime. Tout commence en 1867, date à laquelle Pierre Staron crée une entreprise de fabrication  de rubans. Il est lui-même issu d’une longue lignée de passementiers qui remonte jusqu’au XVIIIe siècle. Dès le départ, cet homme de progrès prône « la sûreté du goût et le sens artistique ». C’est d’ailleurs, comme le seront ses descendants, un bon vivant qui côtoie le monde culturel.
Les Ballets russes lui inspirent des motifs très colorés et immédiatement reconnaissables. Le « style Staron » s’impose très vite sur les autres rubaniers, dont la ville ne manque pas. La maison prospère et la troisième génération survient en 1927, au moment où le ruban commence à passer de mode.
Jusqu’en 1914, les toilettes se composaient de tons sobres enrichis de galons qui pouvaient mesurer jusqu’à quatorze mètres par tenue ! Après la période sombre de la guerre, ces dames réclament de la nouveauté, de la couleur et de la modernité. Les soieries deviennent de mise et les petits-enfants du créateur sautent le pas. Comme ils continuent à fréquenter l’avant-garde artistique, leurs motifs s’inspirent de Kandinsky, Klee, Miró ou Matisse. Plus tard viendront l’Op Art ou même les formes psychédéliques.
La renommée de la maison se construit aussi sur l’impression de dessins floraux plus classiques qui évoquent Renoir ou Monet. Les roses printanières éclosent sur le corps des femmes. Un pari réussi puisque Dior, Fath, Balenciaga, Patou, Scherrer, Cardin, Lanvin, Givenchy et bien d’autres deviennent ses plus fidèles clients.
C’est l’avènement du prêt-à-porter qui provoquera le déclin de la maison Staron après plus d’un siècle de création relaté par l’exposition. Pour remémorer ce beau parcours, rubans et soieries dialoguent avec les pièces haute couture et les tableaux du musée de Saint-Étienne, dont les auteurs furent d’éternelles sources d’inspiration.

Voir « Esprit Staron », musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne, 2, place Louis-Comte, Saint-Étienne (42), www.musee-art-industrie.saint-etienne.fr, jusqu’au 24 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Esprit Staron une saga du textile

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