Leeuwarden, cette année capitale européenne de la culture, est une petite cité située tout au nord des Pays-Bas.
On y parle encore le frison occidental, une langue distincte du néerlandais. Le « Musée frison » accueille une importante exposition d’Escher (1898-1972), un enfant du pays. Cet artiste est mondialement connu pour ces fabuleuses gravures où des poissons blancs se muent en oiseaux noirs se détachant sur un ciel blanc ; où l’eau semble couler dans les architectures aussi bien de bas en haut que de haut en bas. Ces œuvres sont bien sûr présentes, mais la force de cette exposition est de permettre de découvrir un créateur infiniment plus complexe que ce merveilleux prestidigitateur de formes. Dans la première salle, des autoportraits d’une fragile humanité ou un chat stupéfiant de présence élémentaire révèlent un artiste attaché à porter un regard d’une précision chirurgicale sur une réalité qu’il transcrit en la réduisant à une rigoureuse apparence. La suite de l’exposition met en lumière l’influence des différents sites qu’il découvrit lors de ses nombreux voyages dans les pays méditerranéens. Il rapporta de ses périples des quantités de dessins dont beaucoup furent de précieuses sources d’inspiration pour ses gravures. Chaque salle réserve des étonnements pouvant se muer en émerveillement. Au milieu du parcours de l’exposition, dans un espace plongé dans l’obscurité, des gravures sur bois représentant des vues de Rome la nuit, absolument réalistes et tout aussi absolument mystérieuses, surgissent des ténèbres avec une présence confondante.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Escher, graveur illusionniste de haut vol
