Coup de cœur À Lens, le Musée du Louvre présente ses chefs-d’œuvre de l’art romain dans un parcours aussi émouvant que didactique.
Voici la Rome antique à Lens ! Alors que le célébrissime Scribe accroupi du Louvre a d’ores et déjà élu domicile dans la galerie du Temps pour être certain de ne pas manquer l’inauguration de l’exposition « Champollion » en septembre, nous voici transportés pour le dixième anniversaire du Louvre Lens au cœur de la cité et de l’Empire de Rome. C’est d’ailleurs Rome elle-même – sa statue personnifiée sous la forme d’une femme en amazone – qui nous accueille, entourée de Pompée, l’adversaire malheureux de Jules César, d’Auguste, qui fonda l’Empire, d’Hadrien, cet empereur philhellène qui administra son empire en latin mais aura pensé et vécu en grec… Mais elle ne tarde pas à passer le relais à un enfant : le jeune Néron, vêtu d’une toge signifiant sa naissance libre, qui n’est pas encore devenu l’empereur incendiaire de Rome. Pour l’heure, il est encore innocent et semble nous inviter à redevenir nous-mêmes enfants, pour redécouvrir avec émerveillement la civilisation romaine à travers les collections du Louvre, accompagnées d’œuvres venues des musées de la région du Louvre Lens, les Hauts-de-France. Près de lui, sur le long relief dit « de Domitius Ahenobarbus » qui se parcourt comme une bande dessinée, un censeur note les noms et la fortune de ceux qui se présentent à lui. Ailleurs, sur un relief monumental provenant du forum de Trajan à Rome que le Louvre n’a plus assez d’espace pour exposer dans ses salles, un homme se penche sur un taureau sacrifié pour examiner ses viscères, devant le temple de Jupiter Capitolin, centre religieux de la ville. Et voici encore qu’une fabuleuse galerie en demi-cercle de bustes d’empereurs nous donne de rencontrer ceux qui ont fait la grandeur de Rome tout en embrassant d’un regard l’évolution de l’art de la sculpture au fil des siècles ! C’est ainsi qu’au long de ce parcours aussi beau que didactique, jalonné de chefs- d’œuvre, on (ré)apprend ce qu’être citoyen romain signifie, comment on honore les dieux ou par quelles routes on commerce. On pénètre, aussi, le quotidien des habitants de l’Empire, en admirant les tenues des gladiateurs ou le sublime trésor de Boscoreale, ensemble d’une centaine d’éléments essentiellement en argent découverts dans les vestiges d’une ancienne villa de Pompéi, qui fait ressurgir la joie des banquets. Chemin faisant, une magnifique statue d’Apollon dorée à la feuille d’or, découverte à Lillebonne antique, en Normandie, rappelle que les styles d’origine gréco-romaine furent adoptés jusque dans les communautés provinciales éloignées du cœur de l’Empire. La dernière salle nous parle de la beauté qui s’immisce dans la vie quotidienne en nous présentant des peintures murales pompéiennes. On s’y émerveille des muses aux joues rondes et aux petites bouches charnues, conduites par Apollon, qui se détachent sur un fond jaune contrastant avec les couleurs variées de leurs vêtements. Mais l’histoire est en marche, et la dernière pièce de l’exposition, le sarcophage de la Traditio Legis, qui figure le Christ entouré de ses disciples, annonce déjà, à la toute fin du IVe siècle, l’avènement du monde médiéval.
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Escapade romaine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : Escapade romaine