Il y a peu en commun entre ces deux expositions nordiques, si ce n’est la grande variété des regards portés par des artistes sur un monde en constante mutation.
« Comment apparaît une œuvre d’art ? » Cette interrogation proposée au Laac par Richard Shotte est abordée avec finesse dans cinq espaces thématiques : « L’atelier », « L’esquisse et la maquette », « Le détournement d’objets », « La série » et « La création in situ ». Une superbe photographie, Atelier de Pierre Soulages, réalisée en 2007 par Gautier Deblonde, offre un regard sur le vide de l’atelier hors du temps de l’action, en attente de tous les possibles. Les maquettes de Séverine Hubard se déploient dans la totalité du dernier espace comme des rêves étrangement matérialisés. Les fragilités apparentes de certains matériaux – chaque réalisation affiche un aspect bricolé revendiqué – invitent à imaginer des sculptures s’imposant dans l’espace public avec une poésie solidement, parfois même rudement, délicate. Au Frac, les commissaires KVM (Ju Hyun Lee et Ludovic Burel) partent d’une affirmation : « Les tubes sont partout. » Portant leur attention sur toutes les tuyauteries – des tubes digestifs aux tuyaux et câbles post-industriels, Internet, moteurs de recherche… –, ils proposent des lectures inédites des œuvres de la collection du Frac. Ils abordent également les questions liées aux soins à apporter au vivant en proposant deux dispositifs de culture de piments et de tubercules plantés par des jardiniers, des maraîchers et des botanistes de la région de Dunkerque.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Enchantements et tubes post- industriels