Forte du succès de ses précédentes manifestations qui lui ont permis d’accueillir des collections privées importantes, comme celles de Jean Planque (2001) ou de Jean Bonna (2015), la Fondation de l’Hermitage consacre sa grande exposition de l’été à l’une des plus belles collections privées d’Europe – ce collectionneur français établi en Suisse, âgé de 90Â ans, souhaite rester anonyme.
Faisant confiance aux deux commissaires Sylvie Wuhrmann et Didier Semin, respectivement directrice de la demeure lausannoise et professeur aux Beaux-Arts de Paris, ce « passionné des arts » dévoile pour la première fois au public une partie de sa collection qui, en offrant un large panorama de l’art occidental des XXe et XXIe siècles, s’étend de l’art de l’après-guerre au contemporain (Mark Bradford, Sven Kroner, Jonathan Lasker) via l’art brut, l’expressionnisme abstrait, le minimalisme et le néo-expressionnisme. Se déployant sur quatre niveaux, une sélection de plus de cent vingt œuvres vise non seulement à créer des dialogues entre les plasticiens et à témoigner de la diversité de leurs démarches, mais aussi à faire, en creux, le portrait du collectionneur. C’est en partie réussi : si l’on prend plaisir à arpenter des salles très cohérentes (celle sur la grille, réunissant Barry, Toroni et Trockel, rappelle brillamment combien l’affirmation de la planéité est l’un des enjeux de la modernité) et à se réjouir de carambolages savoureux (des bustes classiques signés Houdon et Carpeaux côtoient la minimaliste Agnès Martin), on frôle par moments l’indigestion, les ultimes salles réunissant Bauchant, Chamberlain et autres Lavier virent au fourre-tout. Au final, on finit par se dire que cette collection, qui visiblement s’est construite au gré des coups de cœur et des rencontres, manque d’un fil rouge qui lui permettrait d’être plus personnelle. Bref, qui trop embrasse mal étreint : cette présentation gargantuesque ressemble davantage à un catalogue rétrospectif d’un musée qu’au geste radical d’un collectionneur privé. Dommage, car les chefs-d’œuvre sont là.
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En Suisse, L’Hermitage met les petits plats dans les grands
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation de l’Hermitage, 2, route du Signal, Lausanne (Suisse), www.fondation-hermitage.ch
Légende Photo :
Louise Bourgeois, Sans titre, 2003, tissu, 28,2 x 37,4 cm, collection particulière. © Photo : The Easton Foundation. Photo : Eric Frigière.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : En Suisse, L’Hermitage met les petits plats dans les grands