Qui aurait cru qu’une pierre pouvait en raconter autant ? Ni précieuse, ni sacrée, ni sculptée, la pierre calcaire de Caen est à elle seule l’objet d’une exposition fascinante, qui nous mène au cœur de l’histoire du monde.
Découverts dans la région au xixe siècle, des fossiles superbes, des squelettes de crocodiles et de dinosaures témoignent de l’ancienneté de cette pierre, formée il y a 165 millions d’années à l’issue d’une compression de boues carbonatées. Utilisée dès l’Antiquité pour construire des habitations et des routes, la pierre de Caen fut employée à grande échelle au xie siècle, lorsque Guillaume le Conquérant fit construire le château et deux abbayes, donnant à Caen un rayonnement sans précédent et à sa pierre une aura toute particulière.
Après la conquête de l’Angleterre, le duc restaura avec ce matériau de nombreux édifices et en érigea d’autres, dont la célèbre Tour de Londres. Extraite d’abord à ciel ouvert, la pierre fut ensuite exploitée, grâce au savoir-faire des maîtres carriers et des tailleurs de pierre, dans des galeries souterraines, célèbres pour avoir abrité la population de Caen lors des bombardements de juin 1944. Très appréciée pour sa couleur claire et sa facilité de taille, elle compte à son tableau d’honneur de nombreux bâtiments en France (Mont-Saint-Michel), en Europe et aux États-Unis (cathédrale Saint-Patrick de New York). Délaissée au XXe siècle au profit de la brique et du ciment, la pierre de Caen fait l’objet ces trente dernières années d’un regain d’intérêt. Elle s’exporte à nouveau en Angleterre et en Arabie saoudite. Un gratte-ciel en pierre de Caen ?
« Pierre de Caen : des dinosaures aux cathédrales », Musée de Normandie, Château de Normandie, Caen (14), www.pierre.caen.fr, jusqu’au 31 octobre 2010.
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En pierre de Caen
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : En pierre de Caen
