La rétrospective du Jeu de paume souligne la singularité de l’œuvre du photographe
roumain marquée par son œil de cinéaste.
PARIS - Depuis l’exposition Eli Lotar au Centre Pompidou sous la direction d’Alain Sayag en novembre 1993, l’œuvre du photographe d’origine roumaine reprend vie, mais progressivement. Grâce au travail d’inventaire du fonds détenu par le Musée national d’art moderne, mené par Damarice Amao pour sa thèse, elle prend une dimension inédite. Car la passion, la production et le talent cinéphiliques du cinéaste Eli Lotar pour la première fois au Jeu de paume – et encore davantage dans le texte de Damarice Amao dans le catalogue – éclairent d’une autre manière sa photographie, plus largement sa création visuelle et ses liens avec Germaine Krull (sa compagne des débuts), Joris Ivens, les frères Prévert, Luis Buñuel, Georges Bataille ou Antonin Artaud.
De fait, son activité photographique s’est exercée sur une courte période, de 1927 à 1938. En revanche, sa carrière d’opérateur et réalisateur s’est prolongée, elle, bien plus longtemps, après la guerre. Il est vrai que la personnalité vagabonde, dans tous les sens du terme, d’Eliazar Lotar Teodorescu, né à Paris le 20 janvier 1905 et fils du grand poète roumain Tudor Arghezi, n’a guère aidé à appréhender tout ce pan de création. En particulier celui des années 1940-1969, encore inexploré faute de moyens et de temps engagés pour retrouver les films réalisés.
La redécouverte, à la fin des années 1970, de la fascinante série « Aux abattoirs de la Villette » et les dix dernières années chaotiques de sa vie figurées dans ses bustes par Alberto Giacometti l’ont enfermé dans un genre éloigné d’une réalité complexe et riche. Damarice Amao, Clément Chéroux et Pia Viewing découvrent au Jeu de paume, dans un parcours concis et rythmé, la variété de sa création méconnue tant pour sa production que pour ses détails et ses collages. « Il s’agit moins pour Eli Lotar de rechercher un nouveau style photographique que d’envisager une analyse, une décomposition des éléments visuels du vocabulaire fondamental du cinéma, explique Damarice Amao, pour révéler la photogénie des objets ou des situations et surtout leur donner une fonctionnalité narrative spécifique dans le cours d’un éventuel récit. »
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Eli Lotar ou la quête de la photogénie
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 28 mai, Jeu de paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°478 du 28 avril 2017, avec le titre suivant : Eli Lotar ou la quête de la photogénie