Duos provençaux

Deux nouvelles expositions ont débuté depuis peu « Femmes en Provence et en Méditerranée » et « La Provence terre de rencontres », dont le propos consiste à faire dialoguer des peintres, sculpteurs, céramistes ou photographes avec des écrivains et des poètes, à travers un jeu de miroir entre une œuvre et un écrit. Par ses paysages et son inimitable lumière, la Provence est avant tout une terre fertile à l’inspiration des acteurs de l’histoire de l’art. Elle devient ici le trait d’union entre leurs recherches, leur réflexion et leurs confrontations. Certains de ces artistes se connaissent et ont travaillé ensemble. Pour d’autres, ces rencontres sont inopinées mais animées d’une même passion pour une même terre. Qu’ils soient le fait de rapprochements fortuits ou amicaux, ces duos deviennent, par une mystérieuse alchimie, indissociables. Plus encore, ils s’interpénètrent : le texte devient matière, la toile restitue les mots. Duos de choc ou de poésie, du plus insolite au plus érudit, on en cite volontiers quelques-uns : cette toile de Klasen représentant une immense oreille sanguinolente au-dessus d’un entrefilet local citant Van Gogh, cette petite marine de Bonnard qui colle admirablement à la nostalgie de Sagan, ou une photo de toréador de Courrèges subitement ridicule sous les phrases assassines d’Ibaňez. Finalement, cette exposition est aussi réjouissante qu’une partie de cartes à la Marcel Pagnol..