Jurassic Pork, II : le retour, la vengeance, la revanche ? Tous les scénarios sont possibles avec Alain Séchas, même un voyage dans l’obscurité et le brouillard à la lueur de lampes torches remises au visiteur-explorateur du Palais de Tokyo, ébloui par le regard puissamment lumineux d’un cochon ailé volant dans l’alcôve mystérieuse. Depuis Jurassic Pork, volume 1, version dijonnaise, l’environnement s’est modifié, enrichi de musiques et de nouvelles aventures dessinées sur les murs de l’antre sombre. Siegfried en est le héros malgré lui, un chat bien sûr, le motif de prédilection que Séchas crayonne depuis huit ans, une forme stylisée et blanche dont les yeux écarquillés lui donnent l’air ahuri, paniqué, dubitatif devant les situations farfelues dessinées avec délectation. Pour cette nouvelle mission, pérégrination rocambolesque, absurde et débridée, il s’est entouré d’autres personnages félins : Artémiss, bombe sexuelle de son état et redoutable chatte, mais aussi la perfide comtesse Pornault-Cratess et le comte Zaroff. Décapant, l’univers de Séchas analyse l’actualité qu’il désosse avec finesse et élégance derrière un premier degré ravageur. Les réflexions de Siegfried, faussement « débiles », désarment le spectateur par leur aplomb. Rien n’est gratuit dans ces dessins tout en chaud-froid, ni la vulgarité dont peuvent faire preuve certains dialogues, ni la cruauté des situations. Tout le monde en prend pour son grade dans cette jungle graphique aisément reconnaissable, sans être pour autant lassante. Grand spectacle, sculptures monumentales, profusion de sens, Séchas ne recule devant aucun sacrifice pour nous donner le permis de réfléchir… sans s’ennuyer.
« Alain Séchas, Jurassic Pork II », PARIS, Palais de Tokyo, 13 av. du Président Wilson, XVIe, tél. 01 47 23 38 86, www.palaisdetokyo.com, jusqu’au 5 juin.
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D’un S qui veut dire Séchas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°569 du 1 mai 2005, avec le titre suivant : D’un S qui veut dire Séchas