Après être intervenues au Crédac en 2012 dans l’exposition collective « L’homme de Vitruve », Louise Hervé et Chloé Maillet, qui travaillent à quatre mains depuis 2001 au sein de l’I.I.I.I. (International Institute for Important Items), reviennent dans ce centre culturel prospectif dans le cadre d’une présentation personnelle à caractère anthologique. Celle-ci donne non seulement à voir leur dernier projet en date, L’Iguane, qui est à la fois la monstration d’une collection d’œuvres réalisées sous la conduite d’esprits et d’entités extraterrestres (Fleury-Joseph Crépin, Madge Gill, Alexandro Garcia, Augustin Lesage…) et l’exposition d’une méthode transversale de questionnement du monde, mais aussi une sélection de leurs productions antérieures : artefacts, fac-similés, performances, vidéos et films.
Au croisement de l’anticipation, du rétrofuturisme et de méthodes archéologiques, ainsi que du spiritisme et des utopies sociales, ce tandem, ouvertement féministe (les deux plasticiennes se réfèrent à l’enseignement pythagoricien, aux saint-simoniennes et aux suffragettes prophétisant l’égalité entre les sexes), propose des docu-fictions low-tech, dont le charme suranné n’est pas sans rappeler le cinéma romantique sociologique d’Eric Rohmer et d’Émmanuel Mouret. Entremêlant des sources variées (cinématographiques, littéraires, musicales, historiques, anthropologiques…), Hervé & Maillet font de leur exposition récapitulative une immense installation-jeu de piste se jouant en permanence des décalages, comme autant de « postsynchronisations pas tout à fait réussies », entre images présentées et discours qui les commentent.
« Louise Hervé & Chloé Maillet, L’Iguane »,
Centre d’art contemporain d’Ivry – Le Crédac, La Manufacture des œillets, 1, place Pierre-Gosnat, Ivry-sur-Seine (94), www.credac.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Du discours de la méthode transversale