Bernard Moninot et Jaume Plensa exposent aux mêmes dates au Jeu de Paume, mais chacun sur le mode de l’exposition personnelle. Pourtant, un dialogue se crée entre les démarches du Français et de l’Espagnol qui évoluent, l’un comme l’autre, dans une atmosphère emplie de poésie.
PARIS. Bernard Moninot n’avait pas exposé depuis longtemps à Paris, même si l’on a pu voir une sélection de ses œuvres récentes au Centre culturel de Cherbourg en 1993, ou au Centre d’arts plastiques de Royan l’année dernière. Avec une grande économie de moyens, l’artiste base sa réflexion sur le reflet, le jeu de la lumière qui transperce la matière et se projette dans l’espace. Moninot peint ainsi sur verre pour que la clarté joue mieux avec la matière, la transforme, l’allonge et la régénère. Il emploie pour la conception de ses pièces un véritable "laboratoire", un studiolo, qu’il présente d’ailleurs dans les salles du Jeu de Paume. Dans la lignée de ses recherches graphiques, l’artiste grave également directement la matière à l’image de Belvédère (1994-96) ou d’Horizon (1996). Une même poésie se dégage des travaux de l’Espagnol Jaume Plensa, âgé de quarante-deux ans. Le sculpteur s’attache désormais à la résine, mais aussi à la lumière et au verbe, dans des pièces qui privilégient le sens à l’esthétique. Les mots se fondent dans la plastique même de ses créations pour réaliser une véritable symbiose avec leur support. Les lettres qui apparaissent ne sont pas choisies au hasard, elles sont issues de l’histoire de la littérature, de Baudelaire, Dante, Shakespeare ou Blake, quand l’écrit ne se résume pas à un seul mot – Rêve (1991), Cave (1995) – ou à un seul nom, Duchamp-66. L’artiste joue ainsi sur le dit et le non dit, stimulant, tout comme Moninot, l’imaginaire qui est en nous.
BERNARD MONINOT, JAUME PLENSA, jusqu’au 18 mai, Galerie nationale du Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris, tél. 01 42 60 69 69, mardi 12h-21h30, mercredi-vendredi 12h-19h, samedi-dimanche 10h-19h. Catalogue Moninot, 96 p., 230 F. Catalogue Plensa, 136 p., 250 F.
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Double jeu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Double jeu