Les architectes new-yorkais Elizabeth Diller et Ricardo Scofidio occupent plus que jamais le devant de la scène. Au moment où le Whitney Museum, à New York, organise la première grande rétrospective de leur travail, ils accèdent à la commande de deux musées. Le premier, l’Institut d’art contemporain de Boston, sera livré en 2005 ; la construction du second, un musée des nouvelles technologies à New York, commencera en 2006. Ces deux commandes ne constituent pas pour autant un aboutissement, mais plutôt une facette supplémentaire de l’œuvre de Diller et Scofidio. Car il y a différentes manières de pratiquer l’architecture et c’est presque exclusivement sur le terrain de la pensée qu’Elizabeth Diller et Ricardo Scofidio, respectivement âgés de quarante-huit et soixante-sept ans, l’ont exercé pendant vingt ans. Leur approche de l’architecture s’inscrit dans la lignée des recherches théoriques initiées dans les années 1960 et 1970, celles d’Archigram, de Hans Hollein et de John Hejduk notamment. Investissant les champs de l’art, de la sociologie et de la communication, leur réflexion tend à une perpétuelle remise en question de la pratique architecturale et de sa signification. Invités à participer à l’Exposition suisse de 2002, Diller et Scofidio réalisaient sur le lac de Neuchâtel un immense nuage de vapeur d’eau, une spectaculaire intervention sur le paysage que les visiteurs étaient invités à traverser via deux grands ponts. À l’instar de celle-ci, leurs réalisations privilégient l’expérience plutôt que la forme pour mettre en perspective et enrichir la connaissance que l’on peut avoir d’un site. L’omniprésence de l’écran et des nouvelles technologies dans notre quotidien occupent une place centrale dans leurs recherches. En 1999, ils créaient l’installation Maître et Esclave comme écrin à une collection privée de robots-jouets. Tournant en rond sur un tapis roulant, derrière une grande vitrine, les robots sont en même temps filmés par un système vidéo et placent inévitablement le spectateur de leur manège absurde dans la position d’un surveillant. D’autres pièces ont été réalisées spécialement pour l’exposition du Whitney Museum. Ainsi Diller et Scofidio ont-ils déplacé là un pan de mur du MoMA de New York, sur lequel était accrochée une toile de Marcel Duchamp ; un mur fétiche en somme. Mais, pour Diller et Scofidio, cet acte ne relève pas tant de l’ironie que d’une manière de questionner la valeur d’un mur et, par là même, la signification du musée et de l’exposition.
NEW YORK, Whitney Museum of American Art, 945 Madison Avenue, tél. 00 (1) 212 570 3600, 1er mars-1er juin.
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Diller et Scofidio, architectes en théorie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : Diller et Scofidio, architectes en théorie