S’il se qualifie volontiers lui-même de « refaiseur », on pourrait dire tout aussi bien de Didier Marcel qu’il est un « manipulateur », voire un « constructeur ». Après avoir refait en effet certains objets, après avoir fabriqué de petites maquettes de maisons posées sur des socles ou à même le sol, après avoir surdimensionné certains éléments naturels, il s’intéresse aujourd’hui à la mise sous vide de toutes sortes d’objets mobiliers. Entre sculpture et architecture, Didier Marcel développe, selon ses propres dires, une « réflexion sur les rapports de l’objet avec ses modalités de présentation ». Celle-ci porte notamment sur l’écart qu’il y a entre ce qui est, ce que l’on connaît et ce que l’on perçoit. Son champ d’investigation se nourrit de toutes les déclinaisons formelles et de tous les glissements de sens possibles. En fait, la réflexion que développe Didier Marcel porte sur la nature même de la sculpture – non seulement sa nature mais aussi son statut et sa fonction – et les objets qu’il refait, qu’il manipule ou qu’il construit visent de la sorte à indexer le rapport au réel qu’entretiennent ces objets. Il s’agit de mettre en exergue, avec des moyens plastiques les plus banals qui soient, ce qu’il en est de l’idée d’une « sculpture anti-monumentale et anti-héroïque » qui renvoie le regardeur à l’expérience de son propre rapport au réel.
À « l’ère des ingrédients modulables » (Dagognet), Didier Marcel nous convie à prendre la mesure de ce qui règle l’organisation de nos espaces de vie. En ce sens, il fait œuvre de salubrité sémantique.
NICE, Villa Arson, jusqu’au 14 mars.
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Didier Marcel le manipulateur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Didier Marcel le manipulateur