Le Musée de l’Ermitage n’en finit plus de créer l’événement. Il exhume de ses réserves quatre-vingt neuf \"dessins de maîtres retrouvés\" qui étaient à ce jour considérés comme perdus. Ainsi que la plupart des peintures de l’exposition \"Des trésors cachés révélés\", en 1995, ces dessins ont été saisis en Allemagne par l’Armée rouge dans les collections Gerstenberg, Koehler, Siemens, Krebs, Bechstein…
SAINT-PÉTERSBOURG. Après avoir exposé, il y a un an, 74 tableaux impressionnistes et post-impressionnistes cachés dans ses réserves depuis cinquante ans, l’Ermitage dévoile aujourd’hui 89 dessins de maîtres provenant des mêmes collections allemandes, pillées à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les feuilles sont signées des plus grands artistes européens de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe : Goya, Ingres, Delacroix, Daumier, Signac, Van Gogh, Nolde… La plupart de ces œuvres étaient connues des spécialistes par le biais de catalogues raisonnés et d’anciennes reproductions, mais certaines ne l’étaient que de leurs anciens propriétaires et d’un petit nombre d’initiés. Au premier rang de ces œuvres "retrouvées", celles du financier Otto Gerstenberg, ancien directeur de la compagnie d’assurances Victoria : 35 dessins de Goya, dont 30 sont tirés des "albums de Bordeaux" ; le Portrait de Mme Victor Mottez par Ingres ; Cavaliers arabes en reconnaissance, de Delacroix ; huit caricatures de Daumier, et la Ferme près de Vichy, par Millet, un dessin "inconnu" jusqu’à ce jour.
Une quinzaine de Signac
"Retrouvée" également, la Jeune femme avec un enfant, par Nolde, de la collection de l’industriel berlinois Friedrich-Karl Siemens, dont sont également présentées des Cavalières de Toulouse-Lautrec et une aquarelle de Signac. En revanche, les quatorze autres feuilles du pointilliste proviennent toutes de la collection Otto Krebs. Une seule œuvre est issue de la collection de Bernhard Koehler, Barques aux Saintes-Maries de Van Gogh, l’un des clous de l’exposition. Cependant, quelques feuilles ne sont pas attribuées avec certitude à tel ou tel collectionneur. C’est le cas de trois portraits de Nolde et de onze nus d’Archipenko ("probablement Otto Krebs"), comme de six aquarelles de Rowlandson et de quatre portraits de Menzel (peut-être "Hélène Bechstein"), ainsi que du seul dessin de Cézanne, un Écorché (d’après Houdon). Mais peut-être l’exposition donnera-t-elle lieu à des éclaircissements ?
DESSINS DE MAÎTRES RETROUVÉS, 3 décembre-31 mars 1997, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, tél. 812 219 8648, tlj sauf lundi 10h30-18h, dimanche 10h30-17h. Les dessins retrouvés, chefs-d’œuvre des collections allemandes d’avant-guerre, par Tatiana Ilatovskaya, éditions de La Martinière, 224 p., env. 200 ill. coul., 380 F (parution en janvier).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Dessins "retrouvés" à l’Ermitage
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Dessins "retrouvés" à l’Ermitage