Une exposition au Centre Pompidou montre que la photographie peut aussi avoir une utilité, industrielle, numérique ou scientifique.
Selon Estelle Blaschke, historienne de la photographie, et Armin Linke, photographe, la photographie serait « la base de notre relation visuelle avec le monde ». Ce constat leur inspire le projet de recherche artistique « Capital Image », qui se déploie sous la forme d’un site internet et d’une exposition itinérante, à découvrir en ce moment à Paris. Son ambition : raconter « une histoire différente de la photographie ».Au commencement, était donc la mémoire. Si la photographie est devenue un capital, c’est d’abord parce qu’elle est un support d’information fiable, du fait de sa qualité d’œil mécanique, de ses faibles coûts de reproduction et, aujourd’hui, des données qu’elle génère. Elle est à ce titre exploitable comme n’importe quelle ressource, et « Capital Image » s’intéresse à la part matérielle des technologies sur lesquelles se fondent son stockage et sa circulation : silicium et pellicules, puis smartphones et data centers.
La capacité de la photographie à augmenter la vision humaine lui permet aussi de fixer ce que l’œil ne peut percevoir : hier, le galop d’un cheval séquencé par Muybridge ; aujourd’hui, les collisions de particules captées lors d’expériences au Cern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire). L’image devient alors un maillon essentiel de la recherche scientifique. Avec le numérique, elle se fait aussi opérationnelle. Son intégration à la production est bien sûr au cœur du machine learning, dont le développement est fondé sur des stocks exponentiels d’images. Mais elle se fait aussi dans le processus agro-industriel. Comme le montrent divers films publicitaires, ce sont aujourd’hui des caméras qui trient les végétaux ou analysent leur croissance pour déterminer leur valeur marchande. Tous ces exemples invitent à mesurer l’ampleur des mutations récentes de la photographie. Aujourd’hui, elle n’est plus seulement un bien culturel : offerte aux calculs des machines plus qu’au regard humain, elle est « augmentée » de toute une part invisible, mais essentielle à la bonne marche de l’économie…
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Des images productives
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°772 du 1 février 2024, avec le titre suivant : Des images productives