Deux peintres oubliés, Les Duval Le Camus père et fils, font l’objet d’une première étude monographique à Saint-Cloud.
SAINT-CLOUD - Le synopsis de cette exposition, organisée par le petit Musée des Avelines, à Saint-Cloud (Hauts-de-seine), est des plus simples et des plus efficaces : faire redécouvrir des peintres et retrouver leurs tableaux.
Plus de deux ans de recherches auront été nécessaires pour revaloriser le travail de deux « charmants peintres narratifs du XIXe siècle », selon les termes d’Emmanuelle Le Bail, directrice du musée : Pierre Duval Le Camus (1790-1854) et son fils, Jules Alexandre (1814-1878), dont la vie et l’œuvre ont été patiemment reconstituées. La plupart de leurs toiles ont été localisées dans les réserves de musées qui ignoraient souvent leur présence et chez des collectionneurs privés. « Le catalogue raisonné viendra plus tard car les œuvres commencent seulement à sortir », précise Emmanuelle Le Bail. C’est la présence de quelques tableaux du père dans les collections du musée, dont trois ont été acquis récemment, qui a été à l’origine du projet. Père et fils ont en effet entretenu des liens avec la ville de Saint-Cloud. Pierre en a été le maire brièvement, de 1853 à sa mort, en 1854 ; son fils, Jules Alexandre, a peint le chœur de l’église grâce à une commande d’État, ensemble qui attend aujourd’hui une restauration.
Brillants exécutants
Peintres de père en fils, les Duval Le Camus – qui exposeront ensemble au Salon à partir de 1842 –, tous deux plus brillants exécutants que novateurs, n’ont pourtant rien en commun en matière picturale. S’il débute sa carrière par un grand portrait en pied dans la tradition de David, son maître, Pierre Duval – qui accole à son nom le patronyme de sa femme, « Le Camus » – s’oriente rapidement vers la scène de genre de petit format. Le Repas frugal (1817, Musée des Avelines), première expérience en la matière, illustre son talent dans cette voie. Talent confirmé par La Partie de piquet de deux invalides (1819, collection particulière), son premier tableau présenté au Salon, où il continuera à exposer jusqu’en 1852 grâce à un succès non démenti qui lui a permis de vivre de son art.
Progressivement, le peintre agrandit ses formats puis inscrit ses scènes, qui fourmillent toujours de détails, dans des paysages lumineux. Pour appuyer la redécouverte de ces artistes, le Musée du Louvre s’est fendu de deux prêts, La Nourrice (1831), sortie de ses réserves, et Un pifferari donnant une leçon à son fils (1845), en dépôt depuis 1850 à l’Assemblée nationale – une anomalie – et qu’il aura fallu près de deux ans pour obtenir. L’ambiance est tout autre dans la salle du rez-de-chaussée consacrée à son fils, Jules-Alexandre. Si ses grands formats à sujet historique souffrent ici de l’exiguïté de la salle, ils révèlent au public la spécificité de sa peinture, empreinte de ténébrisme. L’un des plus séduisants exemples, Macbeth et les sorcières, Shakespeare, Acte I scène III (1855, Musée des beaux-arts de Rouen), encore teinté d’une fougue romantique, fera l’objet d’un dépôt de longue durée à Saint-Cloud, le musée ne conservant jusqu’à présent aucune œuvre du peintre.
jusqu’au 4 juillet, Musée des Avelines, 60, rue Gounod, 92210 Saint-Cloud, du mercredi au vendredi 12h-18h, samedi et dimanche 14h-18h, tél. 01 46 02 67 18, www.saintcloud.fr/musee. Catalogue, 126 p., éd. Ville de Saint-Cloud, 12 euros.
Commissaire : EmmanuelleLe Bail, directrice du Musée des Avelines
Recherches documentaires : Jessica Volet, historienne de l’art
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Des Camus inédits
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Abonnez-vous dès 1 €Voilà un établissement qui devrait inspirer plus d’un élu. Logé depuis les années 1980 dans une belle villa des années 1930, la maison Brunet — dont l’architecture a été fortement dénaturée –, le Musée des Avelines a rouvert en 2008 avec un nouveau projet. Forte du soutien du premier magistrat de cette riche commune francilienne de 30 000 habitants, la nouvelle directrice, Emmanuelle Le Bail, s’est attachée à remettre en valeur les collections, dédiées à l’histoire et au patrimoine clodoaldiens. Le musée peut toutefois se féliciter de conserver le deuxième fonds, après le Musée d’Orsay, d’œuvres d’Eugène Carrière, acquises grâce à la donation Oulmont. Les 300 pièces exposées n’étant toutefois pas du niveau d’un grand musée parisien, une attention particulière a été portée aux prestations d’accueil : gratuité – y compris des ateliers pédagogiques pour enfants –, actions extérieures à destination des publics, présence d’une librairie et d’un espace de restauration situé au cœur du musée, dans la rotonde ouverte sur le jardin des Avelines.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°328 du 25 juin 2010, avec le titre suivant : Des Camus inédits