Art ancien

Paris-6e

Delacroix, victime de la mode ?

Musée national Eugène-Delacroix – jusqu’au 3 février 2025

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 24 septembre 2024 - 315 mots

XIXe Siècle -  Pour la postérité, Eugène Delacroix (1798-1863) aura toujours l’allure d’un jeune dandy tiré à quatre épingles.

Son plus célèbre autoportrait, sous-titré « au gilet vert », le montre en effet apprêté à la dernière mode. À y regarder de plus près, pratiquement la totalité de sa production est placée sous le signe du vêtement et plus largement du textile. Rien d’étonnant puisque l’artiste a hissé la représentation des matières à un niveau sensuel jamais vu auparavant. Sans même parler de son culte des couleurs, qui constitue la marque de fabrique du chantre du Romantisme. Tous ses tableaux regorgent ainsi de détails spectaculaires : ici, une étoffe brodée plus vraie que nature, là, une robe de gaze vaporeuse, sans oublier les drapés sculpturaux qui peuplent ses toiles et dessins. Loin d’être des signes de coquetterie exacerbée, ces éléments vestimentaires sont totalement constitutifs de ses compositions ; ils sont presque des personnages à part entière. C’est particulièrement frappant dans ses compositions orientalistes où le tissu joue un rôle prépondérant car son chatoiement et l’exotisme de ses formes participent à la sensation de dépaysement recherché par l’auteur. En grand peintre d’histoire, il utilise par ailleurs le costume pour apporter de la véracité à ses tableaux. La teinte, la coupe ou l’ornementation d’un habit permettent de situer presque instantanément la scène sur une frise chronologique tandis que les vêtements et accessoires contemporains servent à préciser le statut social de la personne portraiturée. A contrario, le choix de croquer un personnage nu revêt une signification symbolique forte, le rattachant au monde de l’Antiquité et des mythes. Pour la nouvelle présentation de ses collections, le Musée Delacroix a choisi ce fil rouge inédit pour redécouvrir les œuvres du peintre sous un nouveau jour. Très instructif sur la mode au XIXe siècle, le parcours tisse un élégant dialogue entre les pièces maîtresses du musée et les sources d’inspiration du maître des lieux.

« Nu comme habillé. Delacroix et le vêtement »,
Musée national Eugène-Delacroix, 6, rue Furstemberg, Paris-6e, www.musee-delacroix.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : Delacroix, victime de la mode ?

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