Artiste installé à Bruxelles et déjà auréolé du prix de la Jeune peinture belge en 2007 et du prix Mies van der Rohe en 2009, le trentenaire Koenraad Dedobbeleer, repéré au Frac Bourgogne à Dijon dans le programme de son ancienne directrice Eva González-Sancho, prend ses quartiers au Crédac. L’occasion de se plonger dans ce travail étrange aux franges d’un surréalisme sculptural (un lieu commun pour désigner la scène belge, mais on ne peut plus approprié ici).
Avec Dedobbeleer, pieds de chaise, cheminée, buis taillé, rotin, bois, bref, le quotidien des objets se retrouve greffé, dilaté, rapetissé, pour nourrir un univers indiciel et elliptique. Minimal jusqu’au sec, son art active aussi fort heureusement une bonne dose d’ironie et joue de ses titres comme de rébus ou de devinettes sibyllines dignes de la mythologie. D’ailleurs, « Workmanship of Certainty », qu’on tentera de traduire par « la maîtrise des certitudes », joue sur ce principe. Une fausse piste qui ouvre sur des sculptures abstraites débridées aux frontières du baroque.
L’artiste fait subir à une multitude d’objets et de fonctionnalités différents outrages, défaisant ainsi le design original. Cette forme de déconstruction analytique n’est pas sans charme, car Dedobbeleer le fait avec un sens remarquable des matériaux et des couleurs. Lorsque des bols à salade en fibre tressée d’un goût plutôt daté fraient avec des trépieds tout droit sortis d’un registre fifties bien plus élégant, le résultat est détonnant mais non sans élégance.
Associations libres, les sculptures aux noms interminables et énigmatiques ont une extravagance posée, un art dandy très inhabituel qui fait la singularité de l’artiste belge dans un paysage artistique qui a récemment beaucoup réinvesti l’objet quotidien, mais avec un côté nettement plus bricoleur et ésotérique. Koenraad Dedobbeleer pose et raffine davantage ses gestes comme pour mieux dérouter le regard. Aucun effet « brocante », mais un dé-design sans aspérités, troublant tant il est, au final, bancal. Un mariage contre nature franchement jouissif.
Le Crédac, 25-29 rue Raspail, Ivry-sur-Seine (94), www.credac.fr
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Dedobbeleer baroque Minimal
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°654 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Dedobbeleer baroque Minimal