Deacon en céramique

« Regarder une sculpture de Deacon implique un sentiment continu de révélation : la sculpture comme un objet est manifestement là mais elle n’est jamais inerte... De plus, la sculpture contient de multiples références et connotations : par l’élimination d’une dénotation directe, un objet peut être une chose et en suggérer beaucoup d’autres – en bref, il devient une métaphore. » Ces lignes de Michael Newman à propos du travail de Deacon ont beau avoir bientôt vingt ans, elles n’en demeurent pas moins vives. Non que la démarche de l’artiste n’ait pas connu toutes sortes de développements mais ce qui en fait la pertinence est bien cette capacité à faire image tout en faisant sens. Pour sa première exposition personnelle en galerie à Paris, Richard Deacon a choisi d’agir sur le mode d’une extrême économie de moyens. A l’excès, même. Lui, dont on a vu ici et là en France, au cours des années 80-90, des expositions volontiers abondantes, ne présente que trois pièces chez Arlogos. Trois sculptures récentes en céramique, de dimensions moyennes, dont le traitement coloré surprend chez un artiste qui s’est surtout appliqué dans son travail à mettre en exergue les procédures de fabrication mises en œuvre. Constituées à partir de modules répétés et assemblés, celles-ci s’informent des jeux multipliés du dedans et du dehors, du concave et du convexe, du plein et du vide dans cette qualité de problématique qui signe de tout temps l’art du sculpteur. L’usage de la céramique qui sous-tend celui de vernis l’entraîne en revanche à aborder la question de la couleur, laquelle lui était jusqu’alors donnée par les matériaux employés. La façon dont il l’emploie (motif ou monochrome), souligne dès lors les relations dialectiques existant entre couleur et forme, l’une contribuant à unifier l’autre.