Pour tous ceux qui craindraient d’avoir noyé leur esprit critique dans la profusion d’images que nous imposent les médias, cette exposition pourrait être un remède efficace. En une centaine d’œuvres, Hartwig Fischer, son commissaire, nous propose une habile démonstration de la capacité des artistes à nous faire réfléchir lorsqu’ils s’emparent des faits de société, ici, en l’occurrence, de notre rapport à l’image de presse. Partant d’Andy Warhol qui, dès 1962, utilise la photographie populaire dans ses peintures, le parcours s’achève sur le travail de photographes tels que Bruno Serralongue ou Gilles Saussier, qui agissent sur les mêmes terrains que les journalistes, mais avec du matériel lourd. Quand Warhol brouillait la ligne de frontière entre unicité de l’œuvre d’art et multiplicité de l’image de masse, ces derniers mêlent définitivement art et presse. Entre ces deux pivots, les travaux de Sigmar Polke ou Gerhard Richter – qui utilisent l’image de presse comme matériau pictural – se mêlent notamment à ceux de Sarah Charlesworth ou Martha Rosler sur le détournement idéologique des images, par la décontextualisation ou le photomontage. « La photo de presse a-t-elle remplacé la peinture d’histoire ? », interroge avec pertinence Hartwig Fischer. A l’instar de ce genre majeur de la peinture, l’image médiatique doit-elle aussi raconter en très peu d’éléments figurés. Et si la peinture d’histoire était savamment composée, l’image de presse est elle aussi contrôlée, retouchée, voire manipulée. À des fins politiques ou esthétiques.
« Covering the real : art et image de presse, de Warhol à Tillmans », BÂLE (Suisse), Kunstmuseum, St Alban Graben, 16, tél. 41 61 206 62 62, www.kunstmuseumbasel.ch, jusqu’au 21 août.
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De l’intoxication par les images de presse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°571 du 1 juillet 2005, avec le titre suivant : De l’intoxication par les images de presse