Visages

Dans l’intimité des salons

La série de portraits intimistes de Marguerite Gérard est exposée au Musée Cognacq-Jay, à Paris

Le Journal des Arts

Le 27 octobre 2009 - 386 mots

PARIS - Les œuvres de Marguerite Gérard (1761-1837) ont trouvé au Musée Cognacq-Jay, à Paris, un écrin coquet et raffiné.

Fruit d’un véritable travail d’enquête, cette présentation est consacrée au succès des portraits intimistes, de la fin du XVIIIe siècle à l’apparition de la photographie, au XIXe siècle. La majorité des œuvres, inédites, proviennent de collections privées. Carole Blumenfeld, commissaire de l’exposition, les sort de l’anonymat des greniers où sont relégués les vestiges d’ancêtres passés aux oubliettes.

Peintre de l’intime
Marguerite Gérard arrive au Louvre en 1775, après la mort de sa mère ; elle est alors âgée de 14 ans. Elle s’installe dans les appartements de son beau-frère, Jean-Honoré Fragonard, peintre officiel de la cour, et devient son élève et sa collaboratrice. Elle s’émancipe de ce rôle de bras droit et profite du cercle de connaissances du peintre pour se faire remarquer. De 1787 à 1791, elle réalise à cette fin une série de portraits aisément identifiables : en pied et de petite dimension.
Les artistes les plus en vue de son temps, peintres, écrivains, architectes et musiciens, posent pour elle. Ses portraits, empreints d’une troublante intimité, semblent saisis sur le vif par un pinceau curieux de lever le voile sur ses modèles. Les représentations des mécènes apparaissent, elles, beaucoup plus léchées. Ses œuvres n’ambitionnent pas d’afficher le rang social, elles relèvent de la confidence et soulignent l’irrépressible tiraillement entre leur caractère public et la sphère privée ainsi dévoilée.
L’exposition, proposant quelques œuvres de suiveurs de Marguerite Gérard, s’étend aux problématiques voisines : elle offre une série de portraits réalisés par Louis de Carmontelle (1717-1806), peintre et ordonnateur des fêtes du duc d’Orléans, ou encore huit dessins anonymes représentant le cercle de Niccolò Piccini, un des plus célèbres compositeurs de son époque. Le parcours conduit le visiteur, après la Révolution, vers les portraits de Louis Léopold Boilly, et les portraits-cartes de visite inventés par Eugène Disdéri.
L’exposition éveille l’intérêt par la finesse de son propos : le contexte historique est passionnant, mais se lit surtout l’histoire d’une artiste qui prit pour sujet l’intime tout en aspirant au succès.

MARGUERITE GÉRARD, ARTISTE EN 1789, DANS L’ATELIER DE FRAGONARD, jusqu’au 6 décembre, Musée Cognacq-Jay, 8, rue Elzévir, 75003 Paris, tél. 01 40 27 07 21, tlj sauf lundi 10h-18h. Catalogue, éd. Paris-Musées, 175 p., 34 euros, ISBN 978-2-7596-0109-7

MARGUERITE GÉRARD
Commissaires : José de Los Llanos, conservateur en chef, directeur du Musée Cognacq-Jay ; Carole Blumenfeld, doctorante et chargée d’études à l’Institut national d’histoire de l’art, spécialiste de Marguerite Gérard

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°312 du 30 octobre 2009, avec le titre suivant : Dans l’intimité des salons

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