Dans les yeux de jasper johns

Cette exclusivité réservée au Kunstmuseum bâlois prend sa source dans les liens d’amitié tissés entre le peintre américain Jasper Johns (né en 1930), précurseur du Pop Art, et des générations de conservateurs du musée suisse, jusqu’au directeur actuel, Josef Helfenstein. C’est un pan intime de la vie de l’artiste, qui vit habituellement entouré de sa collection de dessins dans sa maison du Connecticut, qui est ici dévoilé au public : un pêle-mêle de travaux sur papier que les curateurs de l’exposition ont imaginé présenter le plus librement possible, privilégiant des associations formelles ou thématiques à un accrochage chronologique ou plus didactique. L’autoportrait anonyme d’un petit garçon de la moitié du XXe siècle côtoie ainsi, sans irrévérence aucune, un autoportrait de Paul Cézanne. Cet accrochage est repris de celui que l’artiste lui-même a réalisé sur les murs de sa maison. Études de mains, portraits, nus, baigneurs : le corps humain constitue un fil rouge de cette collection, tandis que le focus se fait sur l’art français de la fin XIXe, début XXe siècles et sur l’art américain de la seconde moitié du XXe siècle. La constitution de cet ensemble, dont seule une sélection de 103 feuilles (réalisées par 47 artistes) est ici montrée, doit surtout au hasard des rencontres. Cadeaux ou fruits d’échanges avec ses amis artistes, cette collection révèle la passion du peintre pour le dessin et les denses réseaux d’amitié qui le liaient au milieu artistique new yorkais des années 1950 – Robert Rauschenberg, Willem de Kooning ou encore John Cage et Merce Cunningham.