Figure majeure de l’art minimal, Dan Flavin, né en 1933 à New York, décédé en 1996, s’est imposé en exploitant de façon systématique le tube de néon et la lumière fluorescente, colorée ou non.
En 1963, la toute première situation que Dan Flavin a réalisée consistait en la simple mise en place d’un tube de lumière fluo verte de 2,40 mètres accroché en diagonale contre une cimaise de son atelier en hommage à Brancusi. Exclusivement intéressé par les effets lumineux qui en résultaient, l’artiste créait alors un événement plastique inédit dont les jeux perceptifs étaient fondés sur les qualités de radiation du dispositif et leur action sur le spectateur. Ce faisant, Dan Flavin, qui recourait à des matériaux préfabriqués directement issus de l’usine, marquait son refus du travail manuel et son désir d’anonymat. Il rejoignait en cela les principes d’un autre artiste de ce même Minimal Art, Robert Morris, lequel affirmait à qui voulait l’entendre : « L’important, c’est que la partie technique soit faite par les gens les plus compétents et ces gens-là, c’est dans les usines qu’on les trouve. »
Plus de 30 ans de production lumineuse et colorée
Si c’est à partir de cette pièce que l’artiste établit les bases d’une démarche qui détermineront l’ensemble de son œuvre, il est intéressant de connaître l’amont d’un geste aussi catégorique. Avant même de suivre un enseignement artistique, Dan Flavin avait entamé selon le souhait de sa famille un cursus le préparant au séminaire mais très vite son intérêt pour l’art l’emporta. Faites de collages et de petites peintures sur bois à caractère toujours dramatique, ses premières œuvres avaient l’allure de plaques commémoratives en mémoire à « Apollinaire blessé », à « Vincent à Auvers », etc. Bref, autant de propositions dont il décida de se départir au début des années 1960 pour réaliser une série de peintures monochromes dont les angles et les contours étaient marqués par des ampoules électriques.
Rétrospective, l’exposition de Chicago fait évidemment la part belle à sa production lumineuse et colorée, laquelle a occupé l’artiste pendant plus de trente ans. Organisée par la Dia Art Foundation de New York en collaboration avec la National Gallery of Art de Washington, celle-ci a été conçue sur le mode chronologique pour mettre en évidence le développement de l’œuvre au regard d’une pensée critique qui cherchait à ne pas s’enfermer dans un système. De fait, par-delà une posture radicale et un parti pris résolument distancié, Dan Flavin a réussi à constituer une œuvre diverse et singulière en composant seulement avec quelques critères : la couleur, les jeux de construction, le principe de sérialité, l’architecture… Il en est ainsi de ses fameux Monuments for V. Tatlin, déclinés de 1964 à 1982, qui sont pour la plupart réunis autour d’un axe directionnel qui constitue le centre de la structure. Par-delà toute considération minimaliste, l’œuvre de Dan Flavin est proprement éblouissante parce qu’elle entend révéler le caractère transcendant de la lumière et qu’elle est indiscutablement portée par une dynamique spirituelle.
« Dan Flavin : une rétrospective », CHICAGO (États-Unis), Museum of Contemporary Art, 220 East Chicago Avenue, tél. 00 1 313 280 2660, www.mcachicago.org, 2 juillet-30 octobre.
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Dan Flavin, lumineux et coloré
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°573 du 1 octobre 2005, avec le titre suivant : Dan Flavin, lumineux et coloré