Comment le couple permet-il d’aller plus loin dans ses recherches artistiques, de s’affranchir du carcan du groupe et de ses codes ? C’est l’une des questions que soulève l’exposition « Couples modernes » du Centre Pompidou-Metz.
Le premier duo amoureux du parcours, celui formé par Walter Holdt, fondateur du théâtre expressionniste, et Lavinia Schulz, danseuse et costumière, donne le ton. Ensemble, ces deux-là s’affranchirent des cercles artistiques pour fonder leur propre univers scénique, baigné de mysticisme et de fables nordiques, dont ils créèrent costumes, chorégraphies et partitions. À travers environ neuf cents œuvres de quarante couples, se dessine ainsi une nouvelle histoire de la modernité, où l’amour provoque des pas de côté. Le catalogue, en évoquant les histoires de quelque deux cents couples, prolonge l’aventure, en s’imposant d’ores et déjà comme une référence. Et pas question de plaindre les femmes, quand bien même leurs œuvres sont moins connues que celles de leurs maris ou amants. Au Centre Pompidou-Metz, elles prennent la lumière à leur égal. Comme Emmy Hennings, qui fonda avec Hugo Ball le Cabaret Voltaire, et dont on découvre le talent foisonnant et la conscience politique chevillée au corps. Car l’accent n’est pas mis sur la lutte des ego, mais sur la danse d’amour et de création où chacun entraîne l’autre dans son élan et le révèle à lui-même. Lorsque Leonora Carrington et Marx Ernst fuient la capitale pour partager un univers mythologique et onirique peuplé de créatures fantastiques, seule leur création amoureuse importe. La question de la reconnaissance se posera plus tard.
Centre Pompidou-Metz, 1, parvis des Droits-de-l’Homme, Metz (57), www.centrepompidou-metz.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : D’amour et de création