LYON
C’est une danse macabre qui accueille le visiteur de l’exposition « À la mort, à la vie ! », au Musée des beaux-arts de Lyon, avec un ensemble de six squelettes taillés dans le bois, certains mesurant plus d’un mètre, que l’on pourrait croire sortis de l’atelier des frères Chapman… Il n’en est rien : ces œuvres ont été sculptées par des artisans nigérians, dans la seconde moitié du XXe siècle, probablement pour les touristes.
Si elles sont présentées aujourd’hui dans un musée des beaux-arts, c’est que ces sculptures appartiennent à Armand Avril, collectionneur et artiste lyonnais, auteur d’une surprenante huile et sable sur sac en papier de farine de boulanger présentée dans la même salle. Son sujet : deux squelettes dansant sur un air de Cavagnolo, célèbre marque d’accordéon italien installée dans les années 1920 dans la région lyonnaise (Cavagnolo, 2017). L’accord parfait pour ouvrir une exposition sur les « Vanités d’hier et d’aujourd’hui » composée d’œuvres de trois collections lyonnaises (le Musée des beaux-arts, le Musée d’art contemporain et une collection privée dont le propriétaire, appréciant la vanité sans être lui-même vaniteux, souhaite garder l’anonymat !). « La mort n’est, chez les artistes, pas toujours synonyme de morbidité », sourit Ludmila Virassamynaïken, commissaire de l’accrochage. Certes, mais elle est grave, comme l’attestent les nombreuses gravures montrant « la Faucheuse » emportant indistinctement hommes, femmes et enfants. Et c’est bien ce qui passionne, depuis toujours, les artistes. En dix chapitres passionnants, « À la mort, à la vie ! » explore les différents thèmes de la vanité à travers les époques et les techniques (gravure, peinture, sculpture, installation et vidéo) : les âges de la vie, les saints pénitents, les fleurs, les plaisirs… Nombre d’œuvres sont majeures ; citons Butt to Butt (Large) (1989) de Bruce Nauman, Ecce Homo (1993) d’Étienne-Martin et Jeune Femme à sa toilette (vers 1626) de Nicolas Régnier. Et quand elles ne le sont pas, elles supportent aisément la comparaison, à l’instar du Lièvre suspendu (1810) du Lyonnais Antoine Berjon et des gravures de Charles Sénard (début du XXe siècle). Et le visiteur de passer d’une œuvre à une autre, s’amusant ici et là à lire les symboles des vanités (la chandelle, le sablier, la bulle, la montre…) précieusement décryptés dans le livret de visite.
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Crâneuse !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Crâneuse !