Le pavillon que Gustave Courbet (1819-1877) s’était fait construire place de l’Alma dans le cadre de l’Exposition universelle de 1855 et dans lequel l’artiste réunit une quarantaine de tableaux devait marquer d’un sceau manifeste l’histoire de son œuvre. L’inscription du réalisme que l’on pouvait y lire au fronton affichait haut et clair en effet ses intentions esthétiques. Sans l’aide de son mécène Alfred Bruyas, Courbet n’aurait jamais pu réaliser cette opération. Si celle-ci ne connut pas le retentissement escompté, notamment dans ses conséquences marchandes à l’égard de l’institution, elle conforta en revanche l’essor d’une clientèle privée pour laquelle le peintre dut adapter tant son style que ses sujets. L’exposition que l’on peut voir à Lausanne s’intéresse à cette seconde partie de la carrière de Courbet en explorant précisément la question de ses relations avec ses commanditaires. Les paysages de Normandie et de Franche-Comté de cette période témoignent de la dualité d’un talent qui use du pinceau de façon tantôt pleinement moderne, tantôt franchement académique.
Si ses natures mortes reprennent en compte les poncifs de l’école, ses figures de nus érotiques n’en sont pas moins chaque fois pour lui l’occasion d’audacieuses compositions. L’art de Courbet mêle ainsi les genres et les manières, n’hésitant pas à exploiter les richesses plastiques de procédures qui sont parfois aux antipodes l’une de l’autre.
Les temps contemporains ne peuvent être insensibles au caractère hétéroclite d’une telle production picturale et c’est bien ce qui fait tout l’intérêt de cette exposition suisse.
LAUSANNE, Musée cantonal des Beaux-Arts, jusqu’au 21 février, cat. éd. Flammarion, 170 p., 147 ill., 55 FS.
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Courbet, peintre de commandes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°502 du 1 décembre 1998, avec le titre suivant : Courbet, peintre de commandes