Ouvert en 1982, le Musée de Gravelines est le seul lieu en France exclusivement consacré à l’estampe.
Sélectionnées dans la donation faite par des artistes chinois, les trente-cinq gravures présentées témoignent des changements sociaux et culturels survenus en Chine après la mort de Mao Zedong. Largement diffusées, efficaces par la simplification du message intellectuel mais denses visuellement, ces images populaires montrent à l’envi que la tradition esthétique héritée des anciens maîtres accompagne le renouveau des styles tout en structurant le désir de modernité. Cette rencontre inédite entre passé et présent est intéressante car bien mise en valeur à travers la variété des œuvres. Les graveurs sur bois, souvent professeurs, puisant leurs sujets tour à tour dans le folklore local, le monde industriel, la vie rurale ou les sites célèbres, font preuve d’une incroyable dextérité pour traduire les perspectives, narrer dans l’instant une scène quotidienne, nuancer les effets. Sans conteste, ce sont les paysages qui, par la gradation des plans jusqu’à l’horizon, la dilution des couleurs, l’utilisation des veines du bois, séduisent le plus le regard attentif aux subtilités de leur pensée créatrice. Ajoutées aux nuages, la montagne et l’eau, les deux idéogrammes constitutifs du mot « paysage », font la fusion des éléments naturels qui entrent dans les compositions. Si, comme d’autres graveurs, Fulin Yin fait de l’espace un moment de contemplation, Pimo Huang l’utilise pour ramener l’humain à sa juste dimension.
Musée du dessin et de l’estampe originale, place Albert-Denvers, Gravelines (59), www.gravelines-musee-estampe.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Contemplations chinoises