Ils comptent parmi les plus importants archéologues de l’entre-deux-guerres. Joseph Hackin, qui dirigea le Musée Guimet, fut, avec son épouse Marie, à l’origine de découvertes majeures, comme celle du trésor de Begram en 1937.
Pourtant, leurs noms restent méconnus du grand public. À travers des chefs-d’œuvre archéologiques qu’ils ont découverts en Asie – comme l’admirable Bouddha de Païtava, prêté à titre exceptionnel par le Musée Guimet –, des photographies – celles en particulier prises par Marie Hackin à l’occasion des campagnes de fouille –, ou encore les témoignages de leur engagement pour la France libre aux côtés du général de Gaulle, l’exposition biographique du Musée de l’Ordre de la Libération comble cette lacune. Mais il ne s’agit sans doute pas seulement d’enrichir la culture des visiteurs. Car, tout au long du parcours, on s’interroge sur les liens profonds entre archéologie et engagement politique. Ainsi, l’exposition présente une vidéo de la destruction par les islamistes des bouddhas géants de Bamiyan, à la découverte desquels Joseph Hackin avait participé. Ces images d’une actualité brûlante invitent à se questionner sur le sens de l’engagement de ce couple, que rien ne prédisposait à répondre à défendre la France libre. Ces deux archéologues d’origine luxembourgeoise, qui jouissaient en Afghanistan d’une situation confortable, à des milliers de kilomètres de l’Europe envahie par Hitler, le firent pourtant au prix de leur vie : tout au long de leur existence, dans leur activité d’archéologues comme dans leur engagement politique, Joseph et Marie Hackin, faits compagnons de la Libération à titre posthume, ont apporté leur pierre à la construction d’un sens de l’Histoire.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Construire l’histoire