Robert Combas, on l’aime furieusement ou on le déteste avec délectation. La réception de sa peinture ressemble à sa peinture elle-même : bariolée, volubile, décomplexée, brute, épique.
Après une rétrospective au Mac de Lyon en 2012, orchestrée par Richard Leydier – l’un de ses fervents défenseurs –, le voilà à l’honneur à Montpellier. L’enfant du pays, le Lyonnais qui a grandi à Sète, bénéficie d’une double exposition au Carré Sainte-Anne et à l’Espace Bagouet. « Enfin ! », s’exclament-ils tous entre la Canourgue et la Comédie. Car « Combas a encore beaucoup de choses à dire », renchérit le commissaire, Numa Hambursin. L’artiste prolo qui vend à la pelle, le rockeur, croqueur de sirènes à poil, de batailles foutraques, rêve secrètement de reconnaissance institutionnelle. C’est donc avec le plus grand sérieux qu’il s’est attelé à la création d’une série d’œuvres pour Sainte-Anne (cette église néogothique devenue lieu d’exposition). Ses gribouillis fricotent ici avec l’antique, l’histoire de l’art, à la façon du cancre amoureux de sa maîtresse. Moïse à la barbe de mer, Vénus au sexe d’écailles, Orphée travesti. Le noir et blanc remplace la couleur à l’exception de quelques éclats émaillés. Celui qui exhorte à « changer souvent de peinture », mais dont le style est reconnaissable entre tous, depuis ses débuts, fait un léger écart. Les titres sont toujours aussi longs, les mots bousculés comme dans une partie de Boggle, mais la toile, elle, s’est allégée. La touche Combas gagne en sérénité, en solennité ! Solennité que l’on retrouve à l’Espace Bagouet pour un chemin de croix réalisé avec le peintre abstrait Ladislas Kijno, mort en 2012. Le corps du Christ s’ouvre sur des galaxies en papiers froissés, l’œil de la Vierge crache une larme. Kijno (qui s’est occupé des fonds) a laissé Combas dessiner les contours de l’histoire. Le premier nous plonge dans des profondeurs cosmiques, le second nous lance la violence de la Passion à la figure. Deux états d’esprit s’entrechoquent, provoquant, entre deux fausses notes, quelques explosions picturales inattendues.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Combas, double dose
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €« Le Chemin de croix de Robert Combas et Ladislas Kijno »
Espace Dominique Bagouet, esplanade Charles-de-Gaulle, Montpellier (34), www.montpellier.fr/3945
« La Mélancolie à ressorts »
Carré Sainte-Anne, 2, rue Philippy, Montpellier (34), www.montpellier.fr/505
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Combas, double dose