Colonialiste, la Suisse ?

L’exposition « Mémoires. Genève dans le monde colonial » montre les liens que la Suisse – et plus particulièrement Genève – a pu entretenir avec les colonies à partir du XVIIIe siècle car, si le pays n’a jamais possédé de colonies directes, il a largement profité, à l’instar des pays européens voisins, de la prospérité du commerce colonial. Lieu d’échange depuis le Moyen Âge, Genève est aujourd’hui l’une des capitales mondiales du marché de matières premières, un héritage des siècles précédents où les denrées coloniales, de l’opium au café et au cacao, s’y négociaient. En faisant « parler » quelques objets issus de sa collection, le MEG propose une réflexion éclairée sur l’enrichissement de la Suisse – et donc de ses propres collections – et sur le discours légitimant la colonisation. Sont présentés entre autres des objets relatifs au commerce et à la violence esclavagiste, comme des entraves utilisées dans la capture d’esclaves au Mali au XVIIIe siècle, des créations autochtones comme l’art tembé, celui que les communautés des esclaves libres du Suriname et de Guyane ont créé au milieu du XIXe siècle ou encore des artefacts collectionnés par un colon genevois qui dirigeait une plantation de café au Suriname et qui a rapporté de nombreux objets naturalistes et artisanaux – des dents de jaguar à un couvre-chef d’apparat. Un parcours instructif et une entreprise salutaire qui relient les petites histoires à la grande Histoire.