Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la scène parisienne, qui demeure toujours au premier rang de la vie internationale artistique, est partagée entre deux orientations primordiales, la figure et l’abstraction.
Si le retour au réalisme que le monde de l’art a connu dans les années 1930 se trouve en butte à une difficulté proprement existentielle de représentation de la figure (Fautrier, Gruber, Buffet, etc.), l’aventure abstraite, quelque peu marginalisée dans cette dernière décennie, tente de reprendre le dessus. Elle réussit alors à trouver un nouveau souffle et à se manifester à Paris au sein non d’un groupe constitué, mais d’une mouvance dynamique et variée.
La collection que le Suisse Jean Claude Gandur a constituée au fil des ans sur cet art de l’après-guerre, et qui sera accueillie bientôt dans une extension conçue par Jean Nouvel au Musée d’art et d’histoire de la ville de Genève, est riche de quelque deux cents pièces majeures. Intitulée « Les sujets de l’abstraction, peinture non figurative de la seconde école de Paris, 1946-1962, 101 chefs-d’œuvre de la Fondation Gandur pour l’art », l’exposition que présente le Musée Fabre a été spécifiquement conçue en dialogue avec les collections de l’institution montpelliéraine. Qualifiée de lyrique, cette tendance fait la part belle à certains courants qui articulent l’exposition : synthèse, primitivisme, construction, geste, paysage et ruine. Celle-ci met plus particulièrement en exergue les figures de quatre des artistes essentiels de cette époque : Gérard Schneider, Hans Hartung, Georges Mathieu et Pierre Soulages. C’est d’ailleurs la présence dans les collections du Musée Fabre d’une magnifique série de peintures de ce dernier qui confère à cette exposition sa pleine justification.
Trop souvent tenue en marge d’une histoire de l’abstraction que l’art américain ne tardera pas à déborder, la seconde école de Paris procède pourtant d’une aventure esthétique passionnante qu’une multitude d’appellations tentent de dénommer. Au qualificatif de « lyrique » qu’invente Mathieu en 1947, le critique d’art Charles Estienne préfère celui de « tachiste », sans parler de l’« art informel » ou « art autre » promu par Michel Tapié. Ceci pour souligner la vivacité d’une scène trop souvent mal connue dont cette exposition est un reflet.
Musée Fabre, 39, boulevard Bonne-Nouvelle, Montpellier (34), www.museefabre.montpellier-agglo.com
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Collection Gandur 101 éloges de l’abstraction
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Collection Gandur 101 éloges de l’abstraction