Enfin une grande exposition CoBrA en France ! La dernière manifestation d’envergure dans l’Hexagone consacrée à ce mouvement avait eu lieu au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1982.
Acronyme des initiales de COpenhague, BRuxelles et Amsterdam, CoBrA est fondé à Paris en 1948 par le Danois Asger Jorn, les Néerlandais Karel Appel, Constant et Corneille, et les Belges Christian Dotremont et Joseph Noiret. Il se présente comme une internationale des artistes expérimentaux remettant en question, au lendemain de la guerre, toutes les esthétiques dominantes décrédibilisées, et revendique un retour à une création absolument spontanée, comme il peut y en avoir dans les dessins d’enfants. Le groupe se sépare en 1951, mais l’esprit CoBrA perdure et irrigue la seconde moitié du XXe siècle.
Plus d’une centaine d’œuvres des membres fondateurs du mouvement et de peintres et poètes qui les ont rejoints font ressortir dans cette exposition une énorme diversité dans la liberté. « Pas de liberté sans un gros plaisir », pouvait-on lire dans le n° 4 de la revue CoBrA (1949). Il apparaît avec le recul que ce mouvement fut effectivement puissamment non conformiste, la palme du renouvellement permanent revenant à Asger Jorn (1914-1973). Des huiles sur toile comme Le Bon Sauvage de 1969 ou Die Verlorene Blume de 1970 apparaissent tout aussi affranchies de toute tradition académique que Peur de 1950. Toujours en éveil, Jorn participe avec Guy Debord à la création de l’Internationale situationniste en 1957. L’exposition CoBrA sera ensuite présentée au Musée de Pont-Aven du 10 mars au 10 juin 2018.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : CoBrA, un retour aux sources de la spontanéité