Clichés madrilènes

Cinquième édition de PhotoEspaña

Le Journal des Arts

Le 14 juin 2002 - 446 mots

Placée sous le thème du « Féminin », la cinquième édition de PhotoEspaña transforme pendant un mois Madrid en capitale de la photographie. Une soixantaine d’événements sont prévus
pour cette manifestation riche en expositions, tant monographiques que collectives.

MADRID (de nos correspondantes) - “Féminins, l’identité dans la perspective du genre” ; tel est le thème choisi par Oliva María Rubio, commissaire depuis l’année dernière de PhotoEspaña, festival international de photographie qui, pour la cinquième fois, se déroule entre juin et juillet dans tout Madrid. Le programme est dense, puisque le festival regroupe pas moins de 60 expositions : la section officielle en compte 29, complétée par une “sélection off” organisée par les galeries. Cette richesse et cette diversité s’associent bien à la thématique générale, suffisamment vaste pour réunir les contraires, et aligner les autoportraits de Francesca Woodman, les ballades de Nan Goldin et des images léchées d’Helmut Newton. Ces trois artistes bénéficient en effet d’expositions monographiques, respectivement au Centre culturel Conde Dunque, au Palacio de Velázquez et à la Fundación Telefónica, tout comme Ana Casas à la Casa de América, ou Susan Meiselas au canal de Isabel-II.

Autre option, les expositions collectives dont “Girls vs. Grandmothers”. Sous ce titre généalogique, l’on retrouve Nobuyoshi Araki et Manabu Yamanaka, deux photographes dont les travaux divergent tant par leur mode de confrontations aux modèles, que par le regard qu’ils portent sur la figure féminine. Les œuvres d’Hellen van Meene et Miwa Yanagi, expressions parfaites de recherches sur l’adolescence, correspondent, elles, parfaitement au titre de l’exposition. La première signe des portraits simples, là où la seconde réalise, dans des mises en scènes sophistiquées, les songes de jeunes filles rêvant à leurs vieux jours. Au Círculo de Bellas Artes, “The self”’ présente une sélection largement plus introspective avec Vladislav Mamyshev, Yuri Nagashima, Tomoko Sawada. Autant d’auteurs appliqués à la recherche d’une identité déterminée par des parcours personnels marginaux, en opposition à l’ordre moral dominant. L’exemple marquant d’une telle pratique reste peut-être Catherine Opie, protagoniste et témoin de la communauté lesbienne californienne. À noter également “Corporeal/Cuerpo real” (Corporel/Corps réel) au Centre culturel Conde Duque qui retrace à travers l’œuvre de trois artistes majeures – Marina Abramovic, Adrian Piper et Carolee Schneemann – le développement conjoint de la performance et de la photographie. Quant aux amateurs de tirages historiques, ils trouveront leur bonheur à la Fundación Santander qui présente une sélection de clichés d’August Sander. Enfin, “A doble cara” (À double face) présenté dans la salle Julio-Gonzalez du ministère de la Culture revient sur la thématique proposée avec des travaux tout aussi reconnus, tels ceux de Claude Cahun et Grete Stern.

- PHOTOESPAÑA, jusqu’au 14 juillet, différents lieux dans la ville, Madrid, www.photoesp.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°151 du 14 juin 2002, avec le titre suivant : Clichés madrilènes

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