Le festival de la jeune photographie européenne, au Centquatre-Paris, offre de belles séries documentaires.
Paris. En septembre 2018, l’association Fétart, organisatrice du festival Circulation(s), décidait de confier la direction artistique conjointe de l’édition 2019 à François Cheval et Audrey Hoareau, réunis sous le nom de The Red Eye. Quelques mois plus tôt, Marion Hislen, fondatrice et directrice de l’événement, avait été nommée au poste de déléguée à la photographie au sein de la direction générale de la Création artistique au ministère de la Culture. L’ancien directeur et l’ancienne commissaire d’exposition du Musée Nicéphore-Niépce (Chalon-sur-Saône) ont construit une édition d’une grande clarté, à la scénographie fluide.
L’expertise de ces derniers, couplée à l’accroissement des surfaces d’expositions (le festival obtient un espace supplémentaire à l’intérieur du Centquatre-Paris), donne un rythme à l’accrochage et une belle lisibilité aux travaux sélectionnés. Cela en poursuivant la raison d’être du festival : dresser un état des lieux de la jeune photographie européenne tous genres confondus sans s’interdire des séries anciennes ou nouvelles d’auteurs plus âgés. Les récits se déploient à leur aise dans les salles et les regroupements par thème gagnent en force. Le travail de sélection mené de concert avec les membres de Fétart offre de belles découvertes et le parcours ne paraît pas insurmontable en une demi-journée.
La photographie documentaire livre des sujets particulièrement marquants tant dans la forme que dans le contenu. Le travail toujours en cours de Nelson Miranda entraîne ainsi le spectateur au nord du Portugal, son pays natal, dans une ville dont la construction est entamée à l’aube des années 1980 dans une forêt par un Vénézuélien « pour accueillir des émigrés portugais dans le monde ». Depuis, la cité inachevée sert de cadre aux réunions clandestines d’un groupuscule néonazi.
L’archive de l’anarchiste italien MB révélée par le jeune Umberto Coa constitue un autre temps fort. Photographies, dessins, écrits et carnets plongent au cœur des luttes et opérations de sabotage menées de 1985 à 2017 en Italie ou ailleurs en Europe par cet activiste. La teneur de ses images, écrits, collages ou dessins forme une œuvre singulière, indiscutablement marquée par les grandes figures révolutionnaires de l’histoire de la Péninsule et quelques-uns de ses grands poètes ou écrivains.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°524 du 24 mai 2019, avec le titre suivant : Circulation(s) poursuit vaillament sa route