NANTES
Miroirs et surfaces réfléchissantes sont au cœur du travail de Cinzia Campolese. Au sein du collectif IF, qu’elle a cofondé à Paris en 2012, l’artiste québécoise en sondait déjà dans Continuum (2015) les potentialités sculpturales et immersives.
Travaillant en solo depuis trois ans, elle poursuit cette exploration au gré des Specular Series, sorte de work in progress déclinant diverses installations lumineuses au fort pouvoir hypnotique. Du 28 novembre au 16 décembre 2018, Stereolux présente deux œuvres nées de ce projet au long cours, dont l’une en première. Une façon pour l’espace nantais de clôturer en beauté deux ans de coopération France-Québec. Broken Panorama et Lost Intersection se donnent pour des sculptures dynamiques. Chacune d’entre elles mobilise une forme réfléchissante (miroir demi-cylindrique en inox pour la première, surfaces convexes pour la seconde) sur laquelle sont projetées des motifs lumineux. Génératif, le dispositif immerge le spectateur dans une fascinante boucle audiovisuelle. Dans Broken Panorama, Cinzia Campolese joue ainsi des reflets de lumière sur le sol, qui sont à leur tour reflétés dans le miroir placé face au public, produisant un effet d’égarement, de désorientation, qui vient redoubler la beauté du panorama. Dans Lost Intersection, les miroirs convexes disposés côte à côte au centre de l’espace projettent à l’entour un paysage brumeux et minimal, fait d’arbres lumineux. Cette double immersion dans l’ombre et la lumière n’est pas seulement une invitation à se laisser subjuguer : elle suggère aussi tout ce que la création numérique apporte au genre du paysage.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Cinzia Campolese, entre reflet et immersion
