Bien présentée dans une scénographie de cabinet de curiosités au goût du jour, cette exposition regroupe des œuvres autour de l’idée de « noir », dans un choix opéré parmi les acquisitions du Frac par Lidewij Edelkoort, une « personnalité influente du monde de la mode ».
Au contact de mille affleurements ou déflagrations allant du jais le plus subtil aux noirs d’ivoire crépusculairement sombres, le visiteur est convié à une promenade entre fragiles présences et réalisations puissantes.
Une des missions des Frac est de faire connaître leur fonds au public. C’est aussi l’un de leurs problèmes, tant ces fonds sont parfois inégaux. Des œuvres d’une belle vitalité y côtoient des pièces asthéniques. Et c’est bien ce qui dérange dans cette exposition. Comment regarder dans le même espace Sans titre (2010), un portrait au fusain de Gregory Forstner, peu dense, non loin d’une vidéo de Noé Nguyen, La Bouche d’ombre (2002), une âpre présence de vie et de mort. Si cette exposition vaut le coup d’œil, c’est donc pour cela. C’est à chaque visiteur de décider ce qui est important et ce qui ne l’est pas. S’il se donne le temps de regarder, puis d’attendre, et de regarder encore, un simple fusain sur papier de Nicola Tyson peut alors devenir important.
Et que dire du titre de l’exposition, « Code noir » ? Pour la grande majorité des visiteurs, y compris les scolaires, « code noir » est un concept ordinaire, désignant juste une couleur, une teinte foncée. Mais en français, « Code noir » est aussi un nom propre, comme « code civil ». Définition : « Recueil d’édits, déclarations et arrêts concernant les esclaves nègres de l’Amérique » (1685). Intéressant, non ? Aucune référence n’y est pourtant faite dans l’exposition. Ignorance ou oubli ? Regrettable dans tous les cas.
« Code noir. 30 ans de shopping »,
Frac Haute-Normandie, 3, place des Martyrs-de-la-Résistance, Sotteville-lès-Rouen (76), www.frachautenormandie.org
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Cinquante nuances de noirs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°655 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : Cinquante nuances de noirs