1 - Robe de mariée à bustier (2002-2003).
Sanguine et baroque tout à la fois, cette somptueuse robe de mariée reprend ces traditions du xixe siècle qui autorisaient des mariées de rouge ou de noir vêtues. Christian Lacroix n’a jamais caché sa passion pour les costumes de théâtre et d’opéra, comme son inclinaison pour les ors des églises, le parfum de l’encens et les rituels venus de la nuit des temps, telle la tauromachie. Ruisselant sous les dentelles écarlates et les lourdes broderies, sa mariée a ici des allures de prêtresse hiératique, improbable Arlésienne mâtinée de Byzance...
2 - Pastourelle (1988).
Autre référence sentimentale et absolue : Arles et la Provence. Il coule dans les veines de Christian Lacroix une passion immodérée, charnelle pour la ville de ses grands-parents maternels. Une ville plus espagnole que française, hantée par les communiantes en voile d’organdi et les gitanes aux longues jupes à volants. Par un jeu savant de kaléidoscope, le couturier a forgé son vocabulaire personnel, en empruntant, détournant, et recréant cet univers méditerranéen aux couleurs solaires.
3 - Ensemble deux-pièces (2003-2004).
A priori, rien de plus éloigné de l’univers chatoyant de Christian Lacroix que les créations stylisées et parfois même austères des couturiers nippons ! Et pourtant, l’Arlésien partage avec Yohji Yamamoto ce même amour du noir et des carreaux. La créatrice japonaise de « Comme des garçons » se montre plus mutine avec cette robe en vichy rouge et blanc, qui évoque une nappe de pique-nique ou la robe de mariée très années 1950 de Brigitte Bardot. Christian Lacroix avoue lui-même aimer porter, depuis quarante ans, des chemises en vichy ou en madras. Comme la version populaire et décontractée du carreau arboré par le dandy anglais !
4 - Grande robe patchwork à emmanchures américaines (2002) ; Redingote en patchwork de parkas et blousons (2000-2001) ; Grande robe à long corset peint « platine » (2000-2001).
Tout, chez Christian Lacroix, porte le sceau du patchwork : patchwork de tissus, de matières, de textures, de graphismes, de couleurs. Transcendant les frontières arbitraires du bon goût, le couturier s’affranchit des coutumes et usages, mixant les styles et les époques, mariant le modeste et le noble, hachant, triturant, juxtaposant dentelles, fleurs, rayures, carreaux et pois pour inventer son propre abécédaire. Point de hasard si l’Arlésien aime tant l’Angleterre, patrie des exubérances et des audaces chromatiques. Le kitsch n’y est-il pas souvent hissé au rang d’œuvre d’art ?
5 - Tailleur Christian Dior, (1949) ; Robe d’après-midi Lucien Lelong (1945-1948) ; Robe du soir Charles Frédéric Worth (vers 1 895) ; Robe de deuil Drecoll (vers 1915) ; Veste jaquette Maggy Rouff (1890-1900).
On le dit magicien de la couleur... Pourtant, Christian Lacroix idolâtre aussi le noir. Ou, plutôt, les noirs : ceux des peintres espagnols bien sûr, comme Vélasquez ou Goya, mais aussi des peintres flamands comme Frans Hals. Sans oublier le noir minimaliste de la petite robe créée par Chanel en 1927, ou celui, plus sévère, des couturiers japonais. Ou bien encore, le noir tragique des Arlésiennes et des vêtements de deuil du xixe siècle... « Le noir radicalise et dramatise », écrit Christian Lacroix. Il est aussi le symbole du chic par excellence, comme l’illustre ce tailleur signé Dior, de 1947.
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Cinq silhouettes en patchwork...
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Cinq silhouettes en patchwork...