L’événement mérite d’être relaté : huit maîtres de l’Ukiyo-e sont à l’affiche durant plusieurs semaines à la Maison de la culture du Japon.
L’événement mérite d’être relaté : huit maîtres de l’Ukiyo-e sont à l’affiche durant plusieurs semaines à la Maison de la culture du Japon. Plus de cent cinquante œuvres, véritables trésors de l’estampe japonaise, réalisées par les plus grands artistes des XVIIIe et XIXe siècles, ont été prêtées par le Musée national d’art asiatique de Corfou pour une exposition exceptionnelle, celle-là même qui avait créé l’événement au Musée Edo de Tokyo en 2009. Ces « images du monde flottant » – traduction du terme Ukiyo-e – ont appartenu à Gregorios Manos, ambassadeur de Grèce à Vienne et amateur éclairé, qui les avait acquises à Paris au début du XXe siècle.
Sujet religieux au XIIIe, l’estampe japonaise devient au XVIIe un sujet profane. À l’origine, ces images multiples, sortes d’objets publicitaires, sont faites pour être vendues à un large public. Elles deviendront œuvres d’art quand les Européens les collectionneront au début du XIXe.
Durant la période Edo, l’estampe est issue des divertissements et des plaisirs de la bourgeoisie marchande. Les thématiques sont liées aux acteurs de Kabuki, aux jolies femmes, aux courtisanes et aux scènes érotiques. Leur code esthétique, comme l’art japonais en général, est raffiné et élaboré. Le traitement de la surface est caractérisé par la linéarité du trait tracé en arabesque qui capte le mouvement de façon saisissante, les compositions sont fragmentées, les vues plongeantes, les angles singuliers, les figures flottant dans l’espace sont peintes en aplats de couleurs pures.
Au XIXe, pour contourner la censure, les artistes inventent l’estampe de paysage. Ce genre suscite un engouement immédiat auprès du public. Hokusai (1760-1849) est sans doute le plus célèbre des paysagistes de sa génération. Sa série des Trente-six vues du Mont Fuji, dont La Vague, lui vaut une reconnaissance internationale et influence de nombreux artistes, en particulier Gauguin et Van Gogh. L’autre grand paysagiste de cette période, Hiroshige (1797-1858), s’illustre parallèlement avec les Les Cinquante-trois Stations du Tokaido. Mais leur aîné Utamaro, décédé en 1806, surnommé « le peintre des maisons vertes », reste le maître incontesté des portraits de jolies femmes, comme son condisciple Kuniyoshi (1797-1861). Le mystérieux maître Toyokuni, quant à lui, réalise des estampes caricaturales d’acteurs considérées comme des chefs-d’œuvre absolus. Le clou de l’exposition émane d’une des rarissimes créations de Sharaku (1763-1820), un éventail orné d’acteurs de Kabuki, probablement de la fin du XVIIIe siècle, qui fit sensation au Japon lors de sa découverte.
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Chefs-d’œuvre de l’Ukiyo-e
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Maison de la culture du Japon à Paris, 101, bis, quai Branly, Paris-15e, www.mcjp.fr, jusqu’au 17 décembre 2011.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°640 du 1 novembre 2011, avec le titre suivant : Chefs-d’œuvre de l’Ukiyo-e