Pilote d’aviation et industriel, José Ortiz Echagüe (1886-1980) était également photographe. Mais l’ingénieur au fait des découvertes techniques laisse une vision nostalgique d’une Espagne déjà presque révolue, et des images résolument à l’écart des avant-gardes des années vingt. La Mission du patrimoine photographique accueille la monographie conçue à la demande de la Fondation Ortiz Echagüe, qui circule également en Espagne.
PARIS. Nombre de photographes du XIXe siècle étaient de grands bourgeois, trouvant dans la découverte du médium un passe-temps idéal ou une véritable passion. José Ortiz Echagüe leur ressemble. Son “CV” est digne d’éloges : ingénieur de l’armée d’Afrique du Nord à l’âge de 23 ans, troisième de la première promotion de pilotes d’aviation à 25 ans, fondateur de la Casa (Sociedad de Construcciones Aeronáuticas), premier président de la compagnie automobile Seat... Mais dans le même temps, son oncle lui offre un appareil photo, il réalise le portrait du roi Alphonse XIII, commence à exposer en 1928 en Italie, puis aux États-Unis, en Allemagne, et publie des livres. Intitulés Villages et paysages, Espagne mystique, Châteaux et alcazars, tous sont consacrés à l’Espagne et sont portés par une vision nostalgique de ce pays. Ortiz Echagüe s’attache aux costumes traditionnels, aux communautés religieuses, magnifie ou dramatise les paysages et les châteaux en ruine. Son esthétique s’inspire largement du Pictorialisme, ce mouvement qui voulait rapprocher la photographie de la peinture pour la faire reconnaître comme un art à part entière. Ses tirages sont au charbon ou effectués selon le procédé Fresson. Selon Rafael Levenfeld, co-commissaire de l’exposition, ces partis pris ne peuvent l’assimiler aux serviteurs du franquisme, comme certains critiques l’affirment. “Il est vrai qu’on ignore souvent les dates des prises de vue, mais la majorité des images sont antérieures au régime. Son œuvre peut donc être difficilement considérée comme de la propagande franquiste”, affirme-t-il. Après une période d’occultation, son œuvre est largement redécouverte. Les Rencontres d’Arles l’avaient exposée en 1992, et l’Université de Navarre, dépositaire du fonds, a entrepris de numériser les 28 000 négatifs et 1 100 tirages conservés pour constituer une base de données (lire le JdA, n° 58, 10 avril 1998).
15 janvier-21 mars, Hôtel de Sully, Mission du patrimoine photographique, 62 rue Saint-Antoine, 75004 Paris, tél. 01 42 74 47 75, tlj sauf lundi 10h-18h30.
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Châteaux en Espagne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°74 du 8 janvier 1999, avec le titre suivant : Châteaux en Espagne