Pour commémorer le bicentenaire de la lithographie, le Centre de la gravure et de l’image imprimée retrace en 250 œuvres les facettes et quelques moments clés de son histoire. De l’image scientifique à la satire journalistique en passant par la lithographie d’art, l’édition et l’affiche, une suite de regards illustrent la vitalité d’un moyen d’expression toujours en plein essor.
LA LOUVIÈRE (de notre correspondant). Le visiteur est accueilli dans les grandes salles du rez-de-chaussée par une sélection haute en couleur d’affiches qui vont de l’apparition du genre à la guerre de 1914. Cheret y retrouve Mucha, Evenepoel, Mignot, Steinlen ou Meunier, mais aussi ces anonymes qui ont rapidement pris possession d’un moyen d’expression pouvant aller au-delà des mots. Le parcours historique commence en fait au premier étage, avec un incunable d’Aloys Senefelder, le père fondateur de la lithographie. Le parcours s’articule à partir de genres, depuis la caricature – avec Daumier et Rops dans un chassé-croisé qui mériterait d’être un jour approfondi – jusqu’à l’illustration scientifique. Une mention pour les dix-sept planches (sur une série de vingt-trois) d’inspiration anarchiste de Félix Vallotton pour le numéro de L’Assiette au beurre de mars 1902, ainsi que pour la suite de caricatures à volet mobile qui révèle un usage populaire, et souvent grivois, de la lithographie au XIXe siècle. À ce parcours thématique répondent des ensembles stylistiques. De Delacroix à Bonnard, en passant par Manet, Redon, Lautrec, Gauguin, Ensor ou Whistler, les esthétiques se succèdent en interprétant parfois avec bonheur une technique à laquelle Manet donne l’acuité de son trait et où Redon trouve la profondeur de ses noirs. Au dernier étage, le parcours historique explose en diversité. Si le XXe siècle s’est un moment détourné de la lithographie, il lui a aussi consacré nombre d’essais souvent transformés. Les figures historiques comme Dubuffet, Moore, Ernst, Miró se mêlent avec bonheur à des créateurs contemporains tels Alechinsky, Tàpies, Belgeonne, Lismonde, Sicilia ou Celli. Le panorama ne pouvait être que partiel. Il se rachète en étant partial. Les coups de cœur affichés manifestent à souhait la vitalité d’un moyen d’expression qui fait du dessin une alchimie précieuse. Ce dynamisme, qui éclate sur les cimaises du Centre de la gravure, retrouve la fluidité de l’expérience contemporaine dans les salles du Musée Ianchelevici, où “Chassé-croisé d’ateliers” met en présence trois collectifs d’artistes francophones. L’aspect technique, mis en relief dans le parcours historique, se transforme en projection sur l’avenir. La lithographie n’est résolument pas un art du passé. Et elle en témoigne à volonté.
LA LITHOGRAPHIE 1797-1997. DEUX SIÈCLES DE CRÉATION, jusqu’au 14 décembre, Centre de la gravure et de l’image imprimée, 10 rue des Amours, La Louvière, tél. 32 64 28 48 58, tlj sauf lundi 12-18h, sam. et dim. 11-18 h. Catalogue de 80 pages.
CHASSÉ-CROISÉ D’ATELIERS, jusqu’au 16 novembre, Musée Ianchelevici, 21 Place communale, La Louvière, tél. 32 64 28 25 30, tlj sauf lundi 14-17h, sam. et dim. 14-18 h.
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Chassé-croisé de lithographies
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Chassé-croisé de lithographies